Retour dans la Galaxie très très lointaine, cette semaine sur Disney Plus, avec la nouvelle série Star Wars, qui nous ramène à l'époque de la Haute République, celle de la toute puissance des Jedi. La créatrice et réalisatrice, Leslye Headland, nous explique ce qu'il faut en attendre.
Un demi-siècle plus tard, l'univers de George Lucas continue de fasciner et d'inspirer. Leslye Headland n'était pas née quand est sorti La Guerre des étoiles au cinéma. Mais la créatrice des Poupées Russes sur Netflix, qui s'est fait connaître en 2012 avec Bachelorette, est passionnée par Star Wars. Elle a réussi à convaincre la patronne de Lucasfilm, Kathleen Kennedy, de lui confier la première œuvre de la saga consacrée à l'ère de la Haute République, qui fait fantasmer les fans depuis des décennies. The Acolyte nous ramène en effet à une époque jamais vue encore sur les écrans, celle de la toute puissance des Jedi, ordre dominant dans la Galaxie, qui maintient la Paix en suivant scrupuleusement ses règles et son code moral... et l'impose aux planètes affiliées au gouvernement de Coruscant. Une autre manière de penser Star Wars, pour une série qui cultive sa différence avec The Mandalorian & co, comme le confie à Première la réalisatrice et créatrice Leslye Headland. Entretien.
PREMIÈRE : Qu'est-ce que ça change, une histoire qui se déroule durant la Haute République ?
Leslye Headland : Plus exactement, l'histoire se déroule entre les événements de la Haute République et ceux de La Menace Fantôme. Du coup, il n'est pas nécessaire d'être un fan absolu, de connaître l'Histoire de Star Wars par cœur pour tout comprendre. On a eu l'opportunité d'explorer cet âge où les Jedi sont au sommet de leur pouvoir et quelque peu étourdis par la Force, d'une certaine manière. C'est ce qu'on voit dans La Menace Fantôme. Ils ne sont pas en mesure de sentir les vraies intentions chez Palpatine et l'ont laissé prendre une énorme place, politiquement. Notre série fait donc le lien entre cette ère des Jedi et l'effondrement annoncé dans La Menace Fantôme. On montre comment les Jedi sont finalement partis dans la mauvaise direction, qui aboutira aux événements de la prélogie.
Dans quelle mesure avez-vous eu le droit d’inventer, d'imaginer cette Haute République jamais vue avant ? Kathleen Kennedy vous a laissé les mains libres ?
En fait, j'ai d'abord pitché à Kathleen Kennedy une grande histoire totalement originale, qui ne faisait référence à aucun personnage que l'on connaît. Elle ne mentionnait même pas la Haute République ou une quelconque chronologie au départ. On a ainsi commencé à développer l'intrigue sans lien avec le reste de la saga. A la base, on avait cette envie, toutes les deux, de faire une série d'arts-martiaux, pour rendre hommage aux premières influences de George Lucas (qui s'est inspiré de Kurosawa et du film La Forteresse cachée, NDLR), s'éloignant de l'aspect western de The Mandalorian notamment.
Les fans attendent depuis tellement longtemps de voir un Star Wars à l'époque de la Haute République. Ça ajoute de la pression non ?
Toujours un peu quand on travaille dans le monde de George Lucas. Mais pas plus que ça à vrai dire. J'étais surtout ravie d'être dans ce monde. Je suis une énorme fan de Star Wars et de la trilogie originale. J'ai adoré ensuite la série Clone Wars. Donc pouvoir en écrire une moi-même...
Pour la première fois depuis un demi-siècle, le récit s'éloigne des Skywalker. Est-ce que ça permet de réinventer Star Wars d'une certaine manière ?
Pas nécessairement réinventer Star Wars, ce serait bizarre de dire ça. Non, c'est plutôt une manière de jouer avec Star Wars, de se mettre au défi de faire quelque chose de nouveau dans cet univers. Sans Skywalker ou aucun autre personnage iconique. En fait, la grande question que ça pose, c'est : Star Wars existe-t-il comme un univers à part entière, sans ses personnages emblématiques ? Bien évidemment, je crois que oui ! Avec ou sans Skywalker, ce monde a du sens en fait.
Quelle place va prendre la Force dans la série ?
On voit les Jedi utiliser la Force d'une manière totalement nouvelle dans leurs combats. The Acolyte est pensée comme une série de kung-fu, dans laquelle l'affrontement à mains nues serait boosté par la Force ! Elle est utilisée de manière totalement différente de ce qu'on a vu jusqu'à présent dans la franchise. Il y a du combat en corps à corps dans notre série, qui change des sabres laser ou des pistolets laser qui sont généralement au centre des affrontements dans Star Wars. L'idée étant d'établir qu'à cette époque, les Jedi ne sortaient pas leurs sabres laser pour un oui ou pour un non. Ils les sortaient face à une réelle menace. Cette arme n'est utilisée que lorsque les Jedi sont prêts à tuer finalement. L'institution Jedi est bienveillante et spirituellement vertueuse.
Tellement vertueuse, qu'elle va générer une animosité et une haine certaine dans la Galaxie ! Diriez-vous que The Acolyte est, en ce sens, aussi une série politique ? Montrant comment une société qui voudrait entièrement se fonder sur la vertu est condamnée ?
Non, ce n'est pas une série politique. Nos Jedi ne font pas de politique, comme on peut les voir par exemple faire de la politique avec le Sénat dans La Menace Fantôme. On est dans une ère de Paix et eux sont seulement les gardiens de cette paix dans la Haute République.
L'histoire parle aussi de la résurgence des Sith. Vous adopter, du coup, le point de vue du côté obscur ?
Oui, parce que c'est aussi l'histoire du côté obscur, à certains moments. J'ai toujours été attiré par les vilains, par les personnages immoraux. J'aime trouver l'humanité, la vulnérabilité qui se cache chez les méchants, parce que personne ne se réveille un matin en étant devenu foncièrement mauvais ! Ils ne sont pas nés mauvais. Nos vilains, dans The Acolyte, sont persuadés qu'ils font ce qui doit être fait. Ils pensent faire ce qui est juste. Dans la trilogie originale ou dans les suites récentes, les Jedi sont une espèce en voie de disparition. Ce sont des challengers face à la toute puissance de l'Empire. Mais dans notre série, ce sont ceux qui organisent la Galaxie et les autres, ceux qui s'opposent à eux, sont en fait les outsiders, ce sont les rebelles. Ce sont les populations en minorité en désaccord avec les Jedi. Les rôles sont inversés ici.
Est-ce que les sabres laser seront souvent de sortie dans The Acolyte ?
Il y aura beaucoup de combats au sabre laser dans la série, mais il ne faut pas s'attendre à voir L'Attaque des Clones. Rien ne surpassera jamais L'Attaque des Clones en la matière.
Star Wars : The Acolyte, saison 1 en 8 épisodes, à voir à partir du mercredi 5 juin sur Disney Plus.
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