-
En dépit d’un titre utopiste, l’ensemble n’est ni réac ni élitiste. À l’instar d’une production hollywoodienne,on ne s’appesantit pas sur le réalisme (la caution documentaire suffit) mais sur l’importance d’une affirmation de soi chez des lycéens qui paraissent d’abord trop grands pour leurs tenues de scène. En revanche, dans un film hollywoodien, on ne verrait pas Pina Bausch enchaîner les Camel filtre tout en surveillant ses ouailles en train de contrôler leur souffle. Drôle d’exemple pour la jeunesse ? Non, plutôt insigne détail d’un film qui, puisqu’il a pour sujet la danse et l’affirmation de soi, se veut souple. On peut avoir 16 ans et régler son pas sur celui d’une célébrité sans tomber pour autant dans le mimétisme.
Toutes les critiques de Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
(...) le documentaire d'Anne Linsel et Rainer Hoffman saisit cette initiation à la danse avec, en ligne de fond, un beau mouvement d'émancipation. D'abord maladroite, la jeune troupe se révèle progressivement. Les Rêves dansants appartiennent à tout le monde.
-
Les Rêves dansants est donc un film salutaire qu'il faut voir, mais encore largement montrer.
-
Mais, plus que cela, à travers la thématique centrale de Kontakthof, “un lieu où l’on se rencontre pour créer des contacts”, disait Pina Bausch, le film expose avec une rare délicatesse une galerie de portraits d’adolescents qui nous parlent à la fois de leur génération et, à travers leur histoire personnelle, de l’état du monde.
Il y a ce Rom qui raconte : “C’est difficile de dire d’où je viens. Je suis né en Bosnie et je suis un tzigane musulman” ; cette jeune fille d’origine kosovare qui parle de l’émigration de sa famille en Allemagne à la suite de la mort de son grand-père, brûlé par les Serbes en 1993, ou cette autre adolescente, qui joue l’un des rôles principaux, la femme en rose, et a du mal à se détendre. Elle finit par confier à la caméra la mort de son père dans une explosion de gaz trois ans plus tôt, “la fin d’une famille parfaite”, et l’occasion que constitue pour elle ce projet de se confronter à ses sentiments et de faire des rencontres.
Le film se termine le soir de la première et l’on y voit – dernières images de la chorégraphe disparue en 2009 – Pina Bausch monter sur le plateau et donner à chacun une rose et un baiser. Poignant et magnifique. -
Thème du ballet : les relations humaines et la quête d’amour, qui ne peuvent que toucher cet âge et des adolescents dont certains ont un vécu douloureux. Outre le travail technique, ils sont confrontés à divers défis : vaincre sa timidité, bouger devant les autres, apprendre à se toucher, exprimer des sentiments en jouant de son inexpérience et de ses peurs, se découvrir. Une expérience humaine, enrichissante, bouleversante qui porte à conclure que la danse devrait être obligatoire.
-
C'est peut-être un petit film parmi tant d'autres, et en allemand sous-titré en plus, pourtant, pour tous ceux qui ont aimé, suivi et aimé encore le travail de Pina Bausch, disparue subitement en juin 2009, ce film est un moment de pur documentaire, très émouvant, à ne pas rater.
-
Le résultat est étonnant : ces jeunes gens qui n'ont pas forcément le physique, ni la ligne, de danseurs étoiles, encore moins leur sens de la discipline, apportent avec eux une ingénuité touchante, qui permet au film de rendre compte de ce moment mystérieux où quelque chose se crée, où un intérêt, un goût pour le spectacle (qui n'allaient a priori pas de soi) se font jour et débouchent sur des formes d'expression extrêmement naturelles et spontanées. On est loin des pinailleries des ballerines du beau film de Wiseman (La Danse, le Ballet de l'Opéra de Paris), mais pour autant le film ne se complait jamais dans la posture de l'immédiateté, du refus du travail (option tout autant caricaturale) : l'amateurisme s'accompagne d'un sens très sûr de l'art et de la modernité. La mise en parallèle de certains passages du spectacle avec leurs équivalents de la version ‘senior', notamment, produit un effet extrêmement intéressant. Quant aux scènes de coulisses, elles décrivent très joliment les hésitations, le mélange de vantardise et de timidité des apprentis-danseurs. Il est peu étonnant dès lors que les chorégraphies un peu osées retiennent le plus l'attention de Pina Bausch, ainsi que des cinéastes, dans la mesure où elles révèlent à merveille la sexualité encore hésitante de ces corps débutants. L'humilité de l'enregistrement (toujours à saluer, mais que partagent quand même un certain nombre de documentaires) se double alors d'un véritable sens de la captation : c'est nettement plus rare et cela vaut la peine d'être signalé.
-
Toute cette mémoire, consciente ou inconsciente, vient modeler les mouvements des corps. Le travail de Pina Bausch et de ses deux assistantes, on le comprend, consiste d'abord à en ouvrir les vannes et à la canaliser. En adoptant, comme ils l'ont fait, une position modeste, extrêmement attentive et respectueuse vis-à-vis de leurs personnages et du travail qu'ils étaient en train d'accomplir, Anne Linsel et Rainer Hoffmann signent un film à mi-chemin entre une comédie musicale et un teen-movie qui aurait intégré une dimension tragique. Une belle manière de célébrer la vitalité de la danse de Pina Bausch.
-
En se tenant au plus près du corps et des pensées de ces très jeunes gens, les deux réalisateurs de ce documentaire adoptent une position idéale, à la fois distante et bienveillante. On voit, bien sûr, les affres du casting, les habituelles séances de travail. On sent la difficulté pour ces jeunes danseurs d'aujourd'hui d'entrer dans l'univers de la grande artiste. Mais, par-dessus tout, on est le témoin d'un singulier renversement. En effet, si Kontakthof semblait, à sa création - et dans sa première reprise par des seniors -, inspiré par la violence des rapports humains, il apparaît cette fois porteur d'une vision du monde infiniment plus douce.
-
Ce documentaire, en suivant 46 adolescents des premières répétitions à la générale, dépasse le cadre de la danse. On les accompagne dans leur évolution artistique et psychologique. Certains livrent leurs impressions avec drôlerie, d'autres partagent des fragments de leur vies, souvent douloureuses. La construction de ce spectacle exigeant devient un bouleversant chemin initiatique pour ces jeunes, guidés pas à pas par Jo Ann Endicott et Benedicte Billiet, deux danseuses de la compagnie de Pina Bausch.
-
Menée par deux disciples de Pina Bausch avec 46 élèves issus de 12 écoles différentes, cette expérience a rencontré à son tour le succès. Avec son titre utopiste, ce documentaire observe à juste distance ces apprentis danseurs, impressionnés et enthousiastes. Révérencieux, presque policé, il ne révolutionne pas le genre mais nous montre des jeunes d’aujourd’hui se révéler en souplesse avec leurs grands corps tout neufs. En musique et loin, très loin des canons d’une quelconque Star’ Ac, ce n’est pas rien.
-
De cette expérience de vie et d’art, les cinéastes ont su tirer la quintessence initiatique, tout en échappant au piège du sociologisme.