Le chef d’œuvre de Luchino Visconti avec Alain Delon reviendra ce soir sur Arte.
Le retour de Luchino Visconti au néoréalisme
Social- traître. La presse de gauche, extrêmement prescriptrice dans l’Italie de la fin des années 50, est tombée à bras raccourcis sur Senso, le précédent film de Luchino Visconti, son tout premier en couleurs, une grande fresque historique dont les fastes à l’écran les ont fait bondir. Et rebelote avec Les Nuits blanches, sa toute première expérience en studio, pourtant primé par un Lion d’Argent à la Mostra de Venise. Le cinéaste est accusé d’avoir renié le genre qui l’a révélé et qu’il a su porter à des sommets avec Les Amants diaboliques, La Terre tremble et Bellissima. Alors Visconti opère ici un retour en sources. Un film en noir et blanc centré sur une mère et ses quatre fils qui fuient la misère de l’Italie du Sud pour rejoindre l’aîné des enfants à Milan. Sans se douter que l’harmonie familiale sera très vite et violemment brisée, deux des frères étant tombés sous le charme de la même jeune prostituée. Et s’il triomphe lui aussi à Venise, Rocco et ses frères restera surtout comme un des sommets de l’œuvre du maestro au même titre que Le Guépard ou Mort à Venise. Des œuvres entrées dans l’histoire du septième art pour ne plus la quitter.
La première collaboration Visconti- Delon
Les agents de comédiens jouent souvent un rôle décisif dans les parcours de celles et ceux qu’ils représentent. Alain Delon doit ainsi à la sienne, Olga Herstig, une des rencontres qui allait changer en profondeur sa carrière et sa vie. Pourtant quand elle lui parle pour la première fois de Visconti, le comédien n’est guère emballé. Il n’imagine son avenir qu’en France et ne comprend pas l’intérêt de ce rendez- vous avec un réalisateur italien dont il n’a jamais entendu parle. Mais Olga Herstig insiste et Delon finit par accepter de faire le voyage à Londres où Visconti met en scène un opéra de Verdi. La petite histoire – ou la légende ? – racontée par certains veut que le comédien ait été impressionné de voir que tous les bagages de Visconti portaient ses initiales (LV) sans se douter que celles- ci étaient celles de Louis Vuitton ! Qu’importe les raisons, Delon a en tout cas dit oui à Visconti ouvrant en cette année 60 – où il triomphe aussi dans Plein soleil de René Clément – une collaboration fastueuse avec le maestro qui le conduira dans la foulée à Paris sur scène dans Dommage qu’elle soit une putain aux côtés de Romy Schneider qui partage sa vie puis en 1962 sur le plateau du Guépard, qui obtiendra la Palme d’Or à Cannes.
Alain Delon en 8 performances inoubliables et indépassablesUn rôle clé dans la carrière d’Annie Girardot
Si Rocco et ses frères est une date pivot dans la carrière d’Alain Delon, il a changé en profondeur la vie d’Annie Girardot. D’abord comme actrice évidemment. Car si elle tourne de plus en plus régulièrement depuis le milieu des années 50 (Le Rouge est mis, Maigret tend un piège, L’homme aux clés d’or…), sa rencontre avec Visconti lui permet d’abord de jouer Deux sur la balançoire sous sa direction au théâtre face à Jean Marais puis d’incarner ce rôle de jeune prostituée dans Rocco et ses frères qui va faire d’elle une star des deux côtés des Alpes. Mais c’est aussi sur ce film qu’elle rencontre Renato Salvatori (le rival de Delon, à l’écran, pour obtenir le cœur de cette prostituée). Elle l’épousera en 1962 et aura avec lui son unique fille, Giulia.
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