Portrait d'un acteur fidèle, qui brille dans Adieu les cons, ce dimanche sur France 2.
L’un des plus savoureux seconds rôles du cinéma français poursuit en beauté sa collaboration au long cours avec Albert Dupontel dans Adieu les cons. Nous l'avions rencontré début octobre 2020, juste avant la première sortie du film au cinéma : les salles ayant fermé à cause de l'épidémie de Covid-19, il est finalement revenu sur grand écran en mai 2021 et a en tout enregistré 2 millions d'entrées en France. Un très joli étant donné les circonstances.
Nous repartageons son portrait à l'occasion de la première diffusion en clair de ce film qui a triomphé aux César 2021. Nicolas Marié a notamment reçu celui du meilleur acteur dans un second rôle pour sa performance dans le dernier film de son bon copain.
Adieu les cons : Dupontel au top [Critique]"J’ai la même femme que j’aime depuis trente-six ans, le même agent depuis trente-six ans et je connais Albert Dupontel depuis trente-cinq ans. C’est d’une banalité épouvantable mais je suis désespérément fidèle à ces piliers de ma vie." Qui a dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire ? Certainement quelqu’un qui n’a jamais rencontré Nicolas Marié, qu’on retrouve dans un bar parisien pour lui dire tout le bien que l’on pense de sa composition bien secouée en aveugle archiviste échappé de son sous-sol pour accompagner les aventures rocambolesques des deux héros d’Adieu les cons, imaginées par le fidèle Dupontel. Son sourire est aussi franc qu’espiègle. "Môme, je passais mon temps à me déguiser devant la glace, à jouer tout et n’importe quoi" La suite, ce fut le conservatoire, une troupe de théâtre montée avec d’autres débutants comme Muriel Robin, Nicolas Briançon et Elie Semoun, puis le retour vers Paris pour une carrière tous azimuts, sur les planches bien sûr, mais aussi à la télé, au cinéma et même comme doubleur, notamment de Tim Roth, Nicolas Cage ou John Travolta.
Souvenirs inoubliables
Si certains comédiens cultivent la politique de la rareté, Nicolas Marié suit la logique inverse. Et l’assume. "Moi, j’aime travailler. Je ne fais pas que des trucs extraordinaires, mais je m’en fous. J’aime pratiquer mon métier avec les gens que j’aime bien. Je fuis comme la peste ceux qui ont la réputation de chieurs, quel que soit leur talent. Après, évidemment, entre la télé et le ciné, ce ne sont pas les mêmes moyens et les mêmes exigences. Mais, pour moi, entre le “moteur” et le “coupez”, c’est la même chose." Cette logique explique aussi pourquoi il aime autant les seconds rôles qui lui permettent de passer d’une aventure à l’autre, sans temps mort. Il a débuté avec Jean Poiret dans Le Zèbre. On l’a vu chez Michel Deville, Nicolas Boukhrief, Jan Kounen, Jean-Pierre Jeunet ou Pierre Jolivet. Mais évidemment la plus belle histoire qu’il a écrite – et continue d’écrire – au cinéma est celle avec Albert Dupontel. D’ailleurs, il vous prévient d’emblée. "J’avoue, j’ai une admiration sans bornes pour lui." Pourtant, quand il parle de lui, nulle trace de flagornerie obséquieuse, mais une succession de souvenirs inoubliables qui se bousculent. À commencer par leur rencontre au théâtre de la Porte Saint-Martin pour L’Avare. "C’est la première fois qu’Albert montait sur scène. Et tu remarquais tout de suite qu’il avait ce petit truc en plus malgré une mise en scène improbable. D’ailleurs on s’était tous deux allumé la gueule avec le metteur en scène" Ça crée
forcément des liens. Dupontel lui propose de jouer dans Désiré, son premier court. Dès lors, de Bernie à Adieu les cons, il lui confiera un rôle dans chacun de ses films (à l’exception d’Au revoir là-haut où il était retenu ailleurs). Le processus est toujours le même : "On peut ne pas se voir pendant deux ans et puis un jour, j’ai un coup de fil : “J’ai un truc à te faire lire…” et c’est reparti." Avec à chaque film, le passage obligatoire par la case répétition. "Elle peut durer quinze jours car on y répète à la fois le texte et nos futurs déplacements sur le plateau. Albert est pointilleux et peut paraître trop intrusif. C’est un rouleau compresseur, mais son exigence a un but." Et Marié est le premier à reconnaître sa forte influence sur son jeu. "Je sais que j’ai tendance à naturellement en faire beaucoup. Albert me fait enlever du gras." Le résultat crève l’écran.
Dans Adieu les cons, Nicolas Marié trouve son plus beau rôle chez Dupontel. Il y déploie sa folie douce, son sens du premier degré, son art de l’absurde avec l’aisance du trapéziste qui s’élance dans les airs, certain de la solidité du filet de secours. En l’occurrence, le regard aussi intransigeant que complice d’Albert Dupontel qui, d’ailleurs, lui a déjà parlé de leur prochain rendez-vous. Nicolas Marié n’a donc pas fini de s’amuser. Et nous avec lui.
Bande-annonce d'Adieu les cons :
Albert Dupontel : "Adieu les cons, je l’ai écrit il y a deux ans. Bien avant les flash-balls ou les gilets jaunes..."
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