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Le « Monsieur » placé devant le célèbre patronyme indique d’emblée la déférence des deux auteurs à l’égard du chanteur de La Bohème. On entre dans ce biopic avec la certitude jamais démentie d’un panégyrique illustré. Le spectateur se retrouve ainsi lové dans un chromo validé par une descendance soucieuse de perpétrer l’aura d’Aznavour auprès des jeunes générations. Le duo Grand Corps Malade - Mehdi Idir, réalisateurs de deux succès publics fort estimables (Patients, La Vie scolaire) était à priori un choix judicieux pour lancer cette opération promotionnelle. Nul doute qu’ayants droits et maison de disque se frottent les mains et préparent déjà les compils. Pour ce qui est du cinéma en revanche, c’est une tout autre histoire. Leur caméra se déplace sans conscience dans les ors d’un décor où aucun bibelot ne dépasse sans se poser de questions sur le personnage au milieu du cadre. Un personnage qui par le truchement d’un maquillage ridicule finit par se faire engloutir par le papier peint esthétique qui sert de toile de fond. Tahar Rahim, bon prince, joue le jeu, contracte ses épaules, déploie ses bras, fait vivre des dialogues sans âmes et sort miraculeusement indemne de ce cirque. Si La Môme d’Olivier Dahan dont la référence pèse des tonnes, avait su faire de Piaf une sorte de poupée désarticulée et braillarde, étouffée sous des tonnes d’artifices, notre Aznavour sans une once d’aspérité psychologique apparaît bien falot. Ici les gens supposément connus sont directement nommés : « Oh regarde y a Charles Trenet ! », « Bonjour monsieur Hallyday, coucou François Truffaut » Peut-on fermer le robinet à biopic, s’il vous plaît ?