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De 6h30 à 22 h30, à L’Hirondelle, le bistrot près du cimetière, les clients commandent à boire et dissertent sur la vie, la mort, le racisme, l’alcoolisme, la solitude ou les pâtes à l’ail...
Succès de librairie et instants de télé immortalisés par Jean Carmet dans "Palace", les "Brèves de comptoir" de Jean-Marie Gourio ont aussi fait recette sur scène avant d’atterrir au cinéma. De ces perles, savoureuses quand elles sont distillées avec parcimonie, Ribes fait des colliers. Il les enfile une à une et les sert sur un plateau à soixante-quinze acteurs français qui se succèdent devant la caméra. Ça pourrait ressembler à un vrai feu d’artifice (oh la belle rouge, ah, la belle bleue!). Mais une telle accumulation fait plutôt l’effet d’un pétard mouillé. Les dialogues s’annulent les uns les autres dans un décor unique toutefois réussi où la mort rôde en raison de la proximité du cimetière. François Morel, déguisé en troubadour, vient proférer quelques revendications catégorielles, Yolande Moreau écarquille les yeux, Chantal Neuwirth entame une petite danse pataude et émouvante et la poésie s’invite parfois brièvement. Le reste du temps, quand un ange passe, il est de pierre.
Toutes les critiques de Brèves de comptoir
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un huis clos alcoolisé, savoureusement drôle et délicatement tragique. Plus le rire se déploie, plus la folie reprend ses droits, plus le cinéaste saisit détresses et dépressions dans ces regards égarés, composant ainsi un vibrant crescendo mélancolique, voire mortifère qui, par effet de contraste, offre une résonance poignante à la causticité gourmande du dialogue. Un équilibre entre fausse joie de vie et vraie peur de mort orchestrée, avec talent par un artiste complet, amoureux des mots et de ceux qui les font résonner.
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La difficulté était d'éviter le théâtre filmé et si les premières minutes réclament une (brève) période d'adaptation, le film enveloppe ensuite le spectateur dans son atmosphère. Les comédiens ont un plaisir visible à faire tourner dans leur bouche ces répliques gouleyantes. Reçu zinc sur zinc.
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Le dialogue n'est fait que des « brèves de comptoir », recueillies, durant des années, par Jean-Marie Gourio, mais on croirait inventées les formules. (...) Féroce et tendre, le film défend une notion surannée et essentielle : la solidarité.
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Plutôt réussie cette adaptation de la pièce à succès de Jean-Marie Gourio, qui ne propose pas à proprement d'histoires mais des tranches de vie. Jean-Michel Ribes est encore à la manoeuvre, où malgré un décor quasi unique il parvient à donner du champ à ses acteurs virtuoses (plus de 60 !), lesquels nous convient à un festin d'éloquence pétrie d'une poésie qui sent le zinc et le vin blanc.
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D’abord, il y a le rire au premier degré avec des traits d’humour irrésistibles de drôlerie. On croirait entendre du Audiard quand l’un dit : « Lui pour le retrouver quand il est parti dans le pinard faut un sonar ! » Ensuite vient l’émotion. Comment ne pas être touché par la solitude de celui qui soupire : « Mon plus grand chagrin d’amour, c’est que personne ne m’aime ». Ici et là, il y a bien un effet de répétition mais l’alcool n’est pas le héros de ces Brèves, Ribes privilégie la chaleur humaine. Sans modération.
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Comme dans un commerce, ce film a ses heures de pointe et ses heures creuses où le tempo faiblit. Mais le réalisateur paie vraiment sa tournée et on aurait tort de refuser ses irrésistibles vers.
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Ribes se tire avec brio d’un exercice cinématographique, mais peine à l’extirper du huis clos théâtral.
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Un débit de laids noyant les rares perles dans un flot continu dépressif, mais aussi, hélas, le talent de bons acteurs. Un extraterrestre qui se poserait dans ce bistrot français repartirait très vite dans sa soucoupe !
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Un naufrage prévisible et pathétique.
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Après une ouverture par trop mécanique, la tendresse et la mise en scène de Jean-Michel Ribes, relayées par une bande d'acteurs complices, déploient derrière l'humour absurde une sourde mélancolie qui confère à cette cascade jouissive de bons mots un humanisme lucide et cruel, partagé entre désespoir et instinct de survie.