Alors que le cinquième volet, Furiosa, est récemment sorti, son réalisateur revient sur un personnage clé dans la fabrication de la mythique saga.
Dans un futur plus ou moins proche aux airs désertiques, la société s’effondre et sombre dans le chaos où la criminalité se répand, les bolides font la course aux ressources essentielles à la vie – et le pétrole en fait partie. Réalisé par George Miller et sorti en 1979, Mad Max est devenu un objet de pop culture, inconditionnel, avec son univers, son imagerie, son mythe reconnaissable au premier regard et "cette gueule" encore quasiment inconnue du grand public, Mel Gibson. Réflexion sur le choc pétrolier de 73, on retient surtout de Mad Max ses courses-poursuites, ses explosions, ses voitures qui s’entrechoquent et ses cascades folles que l’on doit à un cascadeur australien légendaire : Grant Page.
Interviewé par IndieWire à l’occasion de la sortie de Furiosa, cinquième volet de la saga, le créateur revient sur sa collaboration avec Grant Page et lui rend hommage.
"Sans Grant Page, il n’y aurait pas de Mad Max. Il m’a enseigné certaines choses sur ce travail et comment l’approcher, des choses dont je me souvenais encore lorsque que je tournais Furiosa."
C’est avec les commandos que Page apprend les bases de la sécurité avant tout. Si pour lui, "l’essence des cascades est de les rendre aussi dangereuses que possible et de s’assurer que ce ne soit pas le cas", comme il déclarait à The Movie Show (SBS) en 2002, pour George Miller, il n’était pas qu’un casse-cou :
"Il avait une approche très scientifique des choses. Il faisait des cascades que personne d’autres ne faisait à cette époque. Quand on lui a demandé de faire Mad Max, nous n’avions pas beaucoup d’argent et aucune expérience dans le domaine."
A l’écran, on le voit réaliser l’une des cascades les plus impressionnantes de la saga, où il fait sauter la voiture iconique Pursuit Special V8 Interceptor à travers une caravane.
Hors champ, en se rendant sur le plateau dès le premier jour, Page est victime d’un accident de la route et se casse une jambe. Après quelques jours passé à l’hôpital, il revient avec un pansement au nez et un plâtre à la jambe qu’il retire pour réaliser ses cascades. L’amour du risque !
Grant Page, le coordinateur des cascades de Mad Max 1, se balade dans la petite ville de Clunes, où se tourne alors la scène de l'arrivée du gang de motards. G. Page avait le nez brisé et une jambe dans le plâtre suite à un accident de moto arrivé le matin du premier jour. pic.twitter.com/OE0QGiyC0G
— Mad Max 2⚡Les Guerriers de la route. (@MelvinZed) June 10, 2022
Un peu comme le moteur de la machine Mad Max, Grant Page est celui qui a redonné un coup de cravache à George Miller alors que ce dernier avait le sentiment de perdre à la fois le contrôle de son film et de son équipe :
"Il m’a dit : ‘George, est-ce que tu as déjà entendu l’histoire du courageux Amérindien qui, à chaque pleine lune, tire une flèche vers la lune ? Tout le monde le croyait fou. Il n’a jamais réussi à atteindre la lune, mais au moins, il a tiré une flèche plus loin que les autres.’ Et ça, ça m’a énormément marqué. Il a eu une grande influence sur mon travail et ma vie et a été une source d’inspiration de manière générale sur la manière de continuer."
Ensemble, ils ont pu travailler sur Mad Max (pour lequel Grant Page était le coordinateur des cascades), Mad Max au-delà du Dôme du Tonerre (1985), Trois mille ans à t’attendre et Furiosa. Le cascadeur a également collaboré avec Brian Trenchard-Smith sur L’Homme de Hong Kong et Déviation mortelle de Richard Franklin avec Jamie Lee Curtis – un film source d’inspiration pour Quentin Tarantino.
George Miller : "J'ai fait Mad Max pour retrouver l'essence du cinéma"Malheureusement, Grant décède dans un accident de voiture le 15 mars 2024 et ne verra donc jamais la projection du film au Festival de Cannes. Le réalisateur se livre sur leur dernier échange : "Je l’ai vu un mois avant qu’il ne meure. Il m’a dit : ‘On ne vieillit pas, on devient paresseux. On est coincé dans nos propres doctrines orthodoxes.’ (…) C’était Grant."
Cet éloge n’est pas le premier que donne le réalisateur à son collaborateur et ami. En 2016, George Miller lui a remis son premier Screen NSW Award et a déclaré :
Furiosa cale au démarrage au box-office US"En travaillant dans des circonstances féroces et extraordinaires sur le plateau du premier Mad Max, j’ai pu mesurer le calibre de Grant Page. Cascadeur magistral et créatif, il possède une intelligence profonde et élégante. Il m’a beaucoup appris sur la réalisation et encore plus sur la vie. Des inspirations qui me soutiennent depuis. Grant est héroïque dans tous les sens du terme."
Commentaires