France 5 concocte une soirée spéciale Pedro Almodovar.
Depuis l'ouverture du 76e festival de Cannes, France Télévisions propose chaque soir (au moins) un film phare des éditions précédentes. Sur France 5, à partir de 21h, ce sera par exemple Tout sur ma mère, suivi d'un documentaire sur son réalisateur Pedro Almodovar sous titré "L'Insolent de la Mancha".
En 1999, ce filma valu au cinéaste espagnol le Prix de la mise en scène sur la Croisette. A l'époque, il se murmurait même que cette déclaration d'amour aux femmes et à ses actrices fétiches (Cecilia Roth, Marisa Paredes, Pénelope Cruz et Antonia San Juan) allait repartir avec la Palme, finalement remise par David Cronenberg et son jury à Rosetta, des frères Dardenne.
Cannes 1999 : Non, David Cronenberg n'a pas "volé" la Palme d'or à Pedro AlmodovarVoici la critique de Première : "Que reste-t-il dans une vie quand l'enfant unique, cristallisation d'une vie, meurt accidentellement, au seuil du passage à l'âge adulte ? Pour le savoir, l'héroïne du dernier Almodovar, transporte son chagrin de Madrid à Barcelone afin de retrouver les fantômes du passé, amis et mari d'une vie antérieure. Esteban, le fils, voulait avoir un père et devenir écrivain. Sa mère, Manuela, s'engage dans cette double quête, généalogique et esthétique, dans un monde démasculinisé, où les hommes ne peuvent être que des travestis, des vieux précoces atteints d'Alzheimer ou des psychopathes consommateurs de plaisirs prostitués. Le film s'appuie sur des références récurrentes à la pièce de Tennessee Williams Un tramway nommé désir. Pas de doutes : à moins de mourir jeunes ou de changer de nature (devenir femme, redevenir un enfant), tous les hommes sont des salauds.
Dans un Barcelone ambiguë, tantôt petit-bourgeois, tantôt bidonville underground pour camés destroy, le scénario du film restitue les enchaînements implacables, toujours logiques et parfaitement chronométrés de nos vies. Contre cet engrenage qu'il faut bien faire mine d'oublier, la richesse et l'impact comique des dialogues offrent un contraste saisissant, à l'image de notre schizophrénie quotidienne. Manuela l'infirmière se réfugie dans le divertissement existentiel et se met au service d'autres femmes pour occulter sa blessure. Elle accède ainsi à une nouvelle vie pour devenir cette " mère universelle " que Brassens célèbre dans la Jeanne.
Révélation cannoise, Tout sur ma mère est une réussite émouvante et drôle. Cecilia Roth (Manuela), Marisa Paredes (Huma Rojo), Pénelope Cruz (Rosa) et Antonia San Juan (Agrado) forment un quatuor étonnant et très attachant. Quatre figures de femme pour quatre destins hors du commun. En mettant en commun leurs malheurs, elles recomposent une humanité généreuse et responsable."
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