Le réalisateur parle de son influence indéniable sur les films d'action, notamment sur Edgar Wright, qui a signé avec Hot Fuzz "une lettre d'amour à Bad Boys 2".
W9 poursuit son cycle Bad Boys, ce soir rediffusant les deux opus de Michael Bay sortis en 1995 et 2003 mais dans le désordre : le n°2 sera diffusé à 21h05 et l'original, proposé la semaine dernière en prime, sera programmé à 23h50.
Ces deux opus sont portés par Will Smith et Martin Lawrence, qui ont depuis reformé leur duo pour le n°3, Bad Boys for Life (2020), et le 4, sous titré Ride or Die, dont on a découvert cette semaine la bande-annonce. Les réalisateurs belges, Adil El Arbi et Bilall Fallah, qui avaient déjà signé le précédent volet, reviennent pour cette nouvelle suite.
En mars 2022, Première a rencontré Michael Bay pour parler d'Ambulance, son film d'action porté par Jake Gyllenhaal et Yahya Abdul-Mateen II, et le cinéaste était évidemment revenu sur ses Bad Boys, qui ont marqué sa carrière. Quand on lui demandait de citer les oeuvres charnières de sa filmographie, il répondait, du tac au tac : "D’abord, Bad Boys, évidemment. Le premier film, celui sur lequel tu mises tout. Le cinéma est un business impitoyable : si tu te foires là, tu sais que tu n’auras pas de carrière. Tout le monde nous assurait qu’on allait se planter, car aucun film avec deux Noirs en tête d’affiche n’avait jamais marché à l’étranger."
Michael Bay - Ambulance : "Les policiers adorent mes films, je ne sais pas trop pourquoi"Au cours du même entretien, nous évoquions aussi l'influence indéniable qu'il a eu sur le cinéma d'action. Un sujet qui le met mal à l'aise, après des années à recevoir des critiques très violentes envers son "style" : "C’est compliqué, cette question de l’auteurisme. Déjà parce que je n’aime pas parler de moi de cette façon, c’est prétentieux..."
Il reconnaissait tout de même avoir réussi à s'imposer à Hollywood, au fil du temps grâce à The Rock, Armageddon ou bien sûr ses Transformers : "Oui, j’ai un style caractéristique. Le blockbuster estival est un langage, que j’ai appris avec Star Wars et Les Dents de la mer. J’ai ensuite essayé d’apporter ma propre contribution à ce langage. Je pense que si l’on regarde n’importe lequel de mes films, on voit dès les premiers plans que c’est moi qui l’ai réalisé. Il y a des choses que je suis le seul à faire, en termes de couleurs, de contrastes…"
Une façon de filmer l'action qui ne plait pas à tout le monde, ajoutait-il alors. "Dès Bad Boys, ils [les critiques] ont haï mon style. La raison pour laquelle le film était monté de façon si rapide, c’est parce qu’on avait très peu d’argent pour la direction artistique. James Cameron venait de faire True Lies, lui aussi tourné en Floride, et je regardais son film en me disant : « Mon Dieu ! Regarde tout le fric qu’il a ! » Moi, j’étais un gamin et j’avais quoi ? Un combat dans des toilettes où un type se fait assommer contre un urinoir. Alors je me suis dit qu’il fallait jouer la carte de l’intensité, du montage super fast. Et… ils ont détesté ça ! Pourtant, quand tu regardes ce style aujourd’hui, tu vois à quel point il a été imité. J’en ai parlé à ma prof de cinéma, Jeanine Basinger, pour qu’elle m’explique. Elle m’a dit : « Les critiques détestent le changement. » D’une certaine façon, je peux comprendre ça. Ado, je bossais chez Lucasfilm, et j’avais pu avoir une place pour une des toutes premières projections de Blade Runner. Les gens étaient complètement désorientés. C’était tellement nouveau, ils ne comprenaient pas ce qu’ils venaient de voir. Moi, j’avais adoré, parce que c’était un langage purement visuel. Aujourd’hui, le film est un classique. La seule véritable mesure, au fond, c’est peut-être ça : le temps."
D'où notre question suivante : "A quel moment avez-vous pris conscience que votre style faisait école ?" "Oh, je ne vais pas m’amuser à lister ici mon influence chez les uns ou les autres. Mais bon, tu regardes le cinéma d’action avant et après Bad Boys, je pense que c’est assez clair. Il y a un film qui témoigne bien de ça, c’est celui sur les deux flics anglais, là… [Hot Fuzz, 2007] La lettre d’amour d’Edgar Wright à Bad Boys 2 ! Si on doit choisir un film comme mesure de mon influence, va pour celui-là."
Edgar Wright : "Hot Fuzz n’est pas une parodie de films d’action"L'histoire de Bad Boys : Si Mike Lowrey est un séducteur invéteré, héritier d'une fortune et policier par passion, son collègue et ami Marcus Burnett est un homme rangé, marié et père de famille. Leur amitié ne les empêche pas d'avoir des méthodes parfaitement différentes. Mais la disparition de cent kilos d'héroine, dérobés dans les locaux mêmes de la brigade des stups, va leur faire oublier leur concept sur la façon d'exercer leur métier, pour se lancer a la poursuite des voleurs.
Bande-annonce :
Bad Boys for Life - Jerry Bruckheimer : "Ma motivation ? Divertir les gens !"
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