Le tout premier long métrage de Roland Joffé est au programme de Place au cinéma ce soir sur France 5, présenté par Dominique Besnehard. Un coup d’essai façon coup de maître qui remporta 3 Oscars en 1985.
Une histoire vraie
La Déchirure met en scène un journaliste américain du New York Times couvrant la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges. Un quotidien risqué où il ne doit la vie sauve qu’à son assistant Dith Pran… arrêté et déporté peu après dans un camp de travail. Et ce reporter qui va alors mettre tout en œuvre pour sauver son sauveur a bel et bien existé. Il s’appelle Sydney Schanberg et a lui- même raconté son histoire dans un livre Death and life of Dith Pran, publié en 85. Soit… un an après la sortie de La Déchirure. Car cette aventure hors norme avait très en amont attiré l’attention de David Puttnam, l’heureux producteur de Midnight express qui a eu envie de la porter sur grand écran en permettant à Roland Joffé de faire ses débuts de réalisateur sur grand écran.
Un débutant oscarisé
La Déchirure marque aussi les débuts devant la caméra du cambodgien Haing S. Ngor… dans un rôle tout sauf de composition. Car comme son personnage Dith Pran, ce docteur guida de nombreux journalistes occidentaux sur place pour faire face aux fins de mois difficiles à partir du moment régime khmer avait décidé d’éradiquer les médecins du pays. Si faire l’acteur ne lui avait jamais traversé l’esprit, il avait cependant promis à sa femme, morte pendant cette période de répression, de tout mettre en œuvre pour raconter un jour l’histoire du Cambodge au reste de la planète. Alors quand Roland Joffé lui proposa de jour Dith Pran, il sauta sur l’occasion. Et son interprétation fut couronnée d’un Oscar du second rôle. Une statuette qui n’avait jusque là récompensé qu’un seul non- professionnel : Harold Russell dans Les Plus belles années de notre vie. Dans la foulée, on verra Haing S. Ngor dans quelques séries (Deux flics à Miami…) et films (Entre Ciel et Terre d’Oliver Stone…) avant qu’il connaisse une fin tragique à 55 ans en 1996, tué en pleine rue par le membre d’un gang à Los Angeles
Dustin Hoffman découragé
Un sujet aussi passionnant a évidemment alors attiré l’attention de nombreux grands acteurs. Dustin Hoffman – qui sortait de Tootsie – avait notamment manifesté son intérêt pour le personnage du journaliste du New- York Times. Sauf que depuis le départ, Roland Joffé et son producteur David Puttnam avaient choisi de confier ce rôle à Sam Waterston, vu dans Intérieurs de Woody Allen et La Porte du Paradis de Michael Cimino. Se doutant que le studio lui préfèrerait Hoffman, Joffe et Puttnam décidèrent de décourager Hoffman de porter sa candidature en exagérant amplement les risques qu’il pourrait courir lors du tournage. Une stratégie payante.
Un ex- acteur de Truffaut au scénario
La Déchirure est décidément un film de débutants très doués. Puisque tout comme Roland Joffé derrière la caméra et Haing S. Ngor devant, Bruce Robinson a signé à cette occasion le tout premier scénario de sa carrière. Une nouvelle corde à l’arc de celui qui avait jusque là mené non sans douleur une carrière d’acteur où il s’était retrouvé à jouer le rôle principal masculin de L’Histoire d’Adèle H face à Isabelle Adjani. Peu après, en 1987, il passera à la réalisation avec Withnail et moi et retrouvera Joffé en 1989 pour Les Maîtres de l’ombre.
La seconde B.O. de Mike Oldfield
Certes son Tubular Bells est passé à la postérité lorsque William Friedkin a décidé de l’utiliser dans son Exorciste. Mais avec La Déchirure, un an après le plus grand tube de sa carrière Moonlight shadow, ce n’est que la deuxième (et dernière à ce jour) fois que le britannique Mike Oldfield composait la B.O. d’un film de A à Z. La première remontait à 1974 et La Jeune fille assassinée de Roger Vadim.
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