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Tout commence comme une comédie romantique. Pour lui changer les idées, Rose entraîne sa sœur jumelle Blanche dans une soirée où elle rencontre Grégoire, subtil, élégant, charismatique. Coup de foudre immédiat. Mariage et enfants vont suivre. Mais cette mélodie du bonheur fait vite entendre des notes dissonantes. Ici, un regard. Là, une remarque. Car sans le savoir, cette prof appréciée de tous vient de plonger dans une relation toxique qui l’isolera de tous. En portant à l’écran le livre d’Eric Reinhardt (en collaboration, à l'écriture, avec Audrey Diwan), Valérie Donzelli sort de sa zone de confort, métamorphose sa mise en scène (habituellement ludique aux accents pop) pour s’emparer de ce récit, sans fioriture, sans effet, privilégiant les plans séquence qui laissent la tension monter à un sur- découpage qui ferait sursauter. Avec une maîtrise impressionnante, elle nous plonge dans la tête de son héroïne au fil d’un thriller étouffant, rythmé par des face à face intrigants entre Blanche et une femme - dont on ne sait au départ si elle est juge, flic ou avocate - qui recueille sa parole. Transcendant son sujet, Donzelli construit un portrait magistral de femme, tout sauf simple victime puisqu’elle trouvera la force d’aller au bout de ce cauchemar pour en comprendre les mécanismes et ne jamais se faire repiéger. N’enfonçant jamais les portes ouvertes, Valérie Donzelli signe son plus grand film, porté par des acteurs majeurs. Melvil Poupaud saisissant par sa capacité à créer de la terreur derrière un visage d’ange en tête et Virginie Efira impressionnante pour les nuances qu’elle apporte dans la violence traversée par Blanche. Un deuxième César consécutif lui tend les bras.