Douze ans après sa sortie en salles, Le 13e Guerrier, de John McTiernan, n’a rien perdu de sa beauté, de son mystère et de ses carences. À (re)vérifier dans une édition Blu-ray monumentale.Coincé entre les notions de "chef-d’œuvre mutilé" et de "grand film malade", Le 13ème Guerrier, de John McTiernan, aurait logiquement dû ressortir grandi de son passage par la case vidéo, paradis de la seconde chance et royaume du director’s cut. Or, il n’en est rien. Depuis sa sortie au cinéma, à l’été 1999 (soit plus de deux ans après le début de son tournage !), il est resté ce même film de Vikings splendidement classique, étrangement hermétique et à la narration un peu trop elliptique pour être honnête. Quant au fameux montage original, disons qu’il s’est évanoui à peu près au moment où la carrière de son auteur se perdait dans les limbes d’Hollywood, entre bides infernaux, démêlés judiciaires et projets avortés. Ne restait plus aux fans qu’à se débrouiller avec cet objet sublime mais imparfait, à forger des fantasmes de plus en plus illuminés autour des zones d’ombre et des trous d’air du film.La théorie du complotL’immense mérite de cette édition Blu-ray, avec ses bonus déments et son livret ultradocumenté, est de remettre un peu d’ordre là-dedans. Non, le prologue à Bagdad ne durait pas dix minutes de plus. Non, personne n’a rien coupé dans la scène du voyage en bateau. Et oui, c’est bien Michael Crichton, producteur et auteur du roman original, qui a réalisé la scène avec la mère des Wendols. Au-delà de sa précision factuelle, ce travail éditorial colossal offre quelques pistes de réflexion passionnantes. Il suggère, entre autres, que la réussite du 13ème Guerrier est bel et bien le fruit de la collaboration – certes tumultueuse – entre un cinéaste en pleine possession de ses moyens et son producteur omnipotent. Il affirme par ailleurs que la plupart des défauts du film étaient présents bien avant qu’il ne soit retourné et remonté dans les grandes largeurs par Crichton. Refusant de voir en John McTiernan un martyr, rôle dans lequel il a fini par se complaire, ce Blu-ray renforce un peu plus le parfum de légende d’une œuvre que l’on devra désormais chérir telle qu’elle est et non plus telle qu’elle aurait pu être.François Grelet
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