DR

Première : Pourquoi Yoram Globus et Menahem Golan, les patrons de Cannon, n’apparaissent-ils pas dans votre film ?Mark Hartley : Bien sûr, on les a contactés. Ils ont été gentils et coopératifs. Mais ils ont très vite demandé à produire le film, à en prendre le contrôle. Je crois qu’ils étaient soucieux de leur héritage. Ils ont soudain coupé les ponts et lancé la production de leur propre documentaire, The Go-Go Boys. C’est une bonne chose.Pourquoi ?Parce que nous donnons à voir les cousins à l’époque de leur toute-puissance. On n’a pas eu à filmer deux papis regrettant leurs jours de gloire. Cela a également libéré la parole des intervenants qui savaient que Golan et Globus n’étaient pas parties prenantes. À l’origine, je voulais faire un documentaire sur les années Cannon vues par Michael Winner (le réalisateur d’Un justicier dans la ville), mais il est mort en 2013. Je regrette aussi de ne pas avoir eu Chuck Norris. On a négocié avec ses avocats, ils nous ont obtenu les droits des images de ses films mais pas d’interviews avec lui. En réalité, il ne parle plus beaucoup en public.Alors, qu’avez-vous pensé de The Go Go Boys ?Je trouve que les deux films se complètent parfaitement. The Go-Go Boys est l’histoire de la relation entre les cousins, Electric Boogaloo est celle du studio. Leur film est sérieux, le nôtre est beaucoup plus fun. Comme un Cannon. Ce qui me fait marrer, c’est que le montage de The Go-Go Boys a été précipité afin qu’il puisse être montré à Cannes et sortir avant mon film. Un coup très Cannon, ça !Vous n’hésitez pas à dire que Cannon faisait aussi de la daube comme American Ninja...Absolument. Mais je voulais surtout qu’on ressente l’amour immense de Menahem pour le cinéma. C’est cet appétit qui a causé sa chute. Il adorait produire des films, il ne pouvait pas s’arrêter pour réfléchir à ce qu’il faisait. À la fin, ni Superman IV ni Les Maîtres de l’Univers n’ont pu sauver le studio. Je croyais que j’allais raconter l’histoire de David et Goliath, mais Electric Boogaloo est devenu une fable morale sur les dangers du succès.Interview de Sylvestre PicardElectric Boogaloo en DVD le 15 janvier