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Un film de lumière sur l’obscurité de la guerre. Voilà le pari que s’est fixé l’immense documentariste Gianfranco Rosi (Fuocoammare). Alors il est allé poser sa caméra le long des frontières de l’Irak, de la Syrie et du Liban, dont les habitants vivent depuis des années un enfer sans fin. Notturno raconte une journée ordinaire dans ces vies extra- ordinaires, détruites par Daech. La parole y est rare mais quand elle surgit, elle bouleverse : des mots d’enfants à qui on essaie de faire traduire par des dessins l’horreur vécue ou une mère qui écoute les messages vocaux de sa fille kidnappée par Daech. Rosi fascine par sa capacité à saisir ses moments sans jamais mettre le spectateur en position de voyeur. Et il impressionne par sa capacité à distiller du lyrisme dans cette tragédie sans nom, comme ce plan d’un cheval se tenant fièrement au milieu d’une rue. Son Notturno se vit comme un poème. Pari réussi donc.