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Le récent La Gravité de Cédric Ido explorait le conflit de génération dans les quartiers dits sensibles, entre une jeunesse décomplexée, affranchie des codes d’honneur perpétués par les « anciens ». Si le nouveau long-métrage de Rabah Ameur-Zaïmeche ne se pose pas directement la question, il semble toutefois y répondre. Ce thriller social, inspiré d’un vrai braquage survenu en 2014 par un gang dont les membres étaient issus d’un quartier populaire de Seine-Saint-Denis (Les Bois du Temple), est vu de l’intérieur à travers un double regard : celui d’un militaire à la retraite proche des futurs bandits puis, d’un homme de main expérimenté, chargé de les traquer. Dans leur ligne de mire, il y a la vie, mieux, la joie de vivre d’une bande de copains impliqués dans un braquo hautement sensible (la victime est un prince saoudien) Le film, offre un troisième axe et les regarde comme des « enfants » insouciants face aux réels enjeux et aux implications. Un « angélisme » qui tranche avec la rugosité de deux séquences dignes d’un film d’action américain. Mais loin d’une dichotomie voire d’une contradiction, Rabah Ameur-Zaïmeche, raconte ici la façon dont l’extrême violence s’inscrit dans un rapport de force complexe où la sphère sociale et culturelle, interfère dans les choix. Dans son premier long, Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ? (2002), le héros, tout juste sorti de prison, ne pouvait que constater cette déchirure politique. C’est cette même déchirure qui propulse aujourd’hui la petite bande des Bois du Temple (proches des « Ferrailleurs » du fameux film de Sautet) dans un monde trop grand pour elle.