-
Après American Trip, on pouvait craindre que Nicholas Stoller, cinéaste prometteur de Sans Sarah, rien ne va !, ne soit condamné à tourner un peu en rond. Mais ce 5 Ans de réflexion relance la machine avec éclat. Outre le fabuleux Jason Segel, sorte de Jeff Daniels jeune subtil et massif,on retrouve intacte cette manière de fixer la comédie sur des enjeux essentiellement domestiques, dans un va-et-vient entre leçon de vie et pure trivialité. Le fi lm fait donc son miel de cette addition de compromis qui lézarde petit à petit la toute-puissance des sentiments : apprivoiser le climat (polaire), ses nouveaux collègues (frustes), la nouvelle fiche de paie (maigre) ; refréner ses pulsions égoïstes, sa jalousie (puisque la fiancée s’épanouit de son côté)... Tout cela est troussé avec une minutie d’orfèvre, parfois jusqu’à l’épuisement. Le film est un poil long, mais tellement généreux qu’il s’en remet divinement.
Toutes les critiques de 5 ans de réflexion
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
S'engager dans la vie, devenir adulte, renoncer à l'insouciance du célibat, tous les films de la bande à Apatow tournent autour de ce thème. Aucun ne l'a traité avec autant d'acuité et d'ironie.
-
Après la réorganisation des rôles d’un genre jusque là si stéréotypé, les réussites du clan Apatow continuent à redonner vie à la comédie américaine – poursuivant du même coup une vaste entreprise de représentation de l’Américain et de l’Américaine attachants et quelconques, du lycée jusqu’à (pour le moment) la quarantaine.
-
Une nouvelle réflexion du clan Apataow sur les vicissitudes du couple avec comme toujours une belle misogynie assumée et acceptée par la spectatrice. C’est certainement là que se situe en fait la réussite du film.
-
5 ans de réflexion nous offre l'héroïne la plus crédible que l'on ait vue depuis longtemps dans le genre (...) incarnée par la pétillante Emily Blunt. (...) On adore les scènes d'engueulades du film (...) au point de regretter l'issue du conflit un peu trop convenue.
-
par Clémentine Goldszal
Une mignardise d'été savoureuse et tendre fortement recommandée.
Un comédie drôle et émouvante.
On y retrouve la combinaison d'humour transgressif et de sentimentalisme ultra-conformiste qui distinguent [les films de Judd Apatow]. Ici, l'alchimie du cocktail laisse se déployer l'arôme sentimental teinté d'une légère amertume par la sensation du temps qui passe et se perd.
Le style Judd Apatow, qu'on connaît désormais très bien (...) atteint ici un raffinement absolu, pas si loin de certains Blake Edwards des années 80 (...), et laisse une fois de plus la concurrence à des kilomètres derrière.
La séquence [d'ouverture] est magistrale, mais c'est aussi un programme, et le film le tiendra près de deux heures avec un brio et une drôlerie jamais entamés.
Cette chronique de l'apprentissage de la vie à deux est longue, bien longue. Et guère originale (...). Juste un peu d'humour dans une succession de banalités et de lieux communs. Bien loin des joyeuses provocations dont la comédie romantique américaine sait parfois faire ses délices.
Si l’on peut railler le conservatisme rampant qui innerve cette comédie de mœurs (l’obsession de l’institution mariage, notamment), la circonscrire à ce seul constat serait franchement injuste. Parce que le film n’a, au fond, rien d’une critique du concubinage : elle se borne à détourer, entre cruauté et drôlerie, les compromis qui cimentent la vie à deux et qui la fissurent dans le même temps. Sur ce plan, « 5 Ans de réflexion » se montre d’une précision redoutable, et trouve dans ce tiraillement existentiel au long cours un ressort comique d’une remarquable efficacité.
Le couple sonne juste dans la brutale authenticité de ses sentiments et conflits, et dans son étiolement inéluctable, tandis que le film distille une certaine légèreté avec son humour parfois paillard et un donut rassis comme métaphore de la déficience émotionnelle.
Autour des rapports homme-femme, cette comédie estivale, un brin longuette et trop sage, doit beaucoup à l'abattage de son charmant duo.
5 ans de réflexion a l’ambition de décrire un amour vrai et les difficultés qu’il rencontre inévitablement : le choix de carrière de l’être aimé, les ambitions de chacun, la pression familiale... Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le long-métrage finit par perdre de vue cet objectif premier et se conclut par une apologie du mariage, présentée comme seule et unique institution du bonheur. Finalement, 5 ans de réflexion est une comédie à l’américaine tout ce qu’il y a de plus banal (et bancal même).
(...) Doù vient que la magie n'opère plus ? Nicolas Scholler n'y met pas du sien, avec une mise en scène inexistante. Mais surtout alors que la situation est cruelle, le film est gnangnan. Tout est gentiment policé, sympa, mollasson (...) La galaxie Apatow est entrain de s'auto-asphyxier.
Malgré quelques scènes loufoques et l'énergie communicative de la pétillante Emily Blunt, on se lasse vite de ces énièmes atermoiements sur les compromis de la vie à deux et le renoncement aux joies du célibat.
"5 ans de réflexion" manque trop de rythme et de mordant pour éviter notre ennui.