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Retenu en province après avoir manqué son train, un inspecteur des impôts tombe amoureux d’une inconnue. Le destin contrarie leur second rendez-vous et l’homme finit par épouser une autre femme, qui s’avère être la sœur de la première. Transposez l’argument à New York, choisissez d’en rire et vous aurez un bon Woody Allen. Mais "3 Cœurs" porte en lui le sceau de la psychanalyse – c’est l’histoire d’un acte manqué. Benoît Jacquot ayant l’esprit de sérieux, la passion est ici une force tragique qui brûle tout sur son passage. On connaît la chanson... Sauf qu’encombré d’un script semé de cailloux blancs, le cinéaste en livre cette fois une version assez peu inventive. L’intérêt n’est donc pas dans le déroulement de ce destin dévastateur, encore moins dans la chronique de la bourgeoisie provinciale vue de Paris. Ni même chez les actrices, habituellement muses de Jacquot, qui écopent du coup d’une partition particulièrement ingrate. Non, ce qui sauve le film, c’est lui. Poelvoorde. Ou plutôt son personnage et la manière dont il l’incarne. Un type banal, au charme puissant et à la psyché mystérieuse, qui inspire au réalisateur ses meilleures idées de mise en scène, d’un face-à-face dans un miroir de bistrot à une session sur Skype nocturne et bouleversante.
Toutes les critiques de 3 Coeurs
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un trio d'acteurs étincelant pour un mélo dopé au cinéma de genre. Jacquot scrute ce petit monde avec grâce et délicatesse, parvenant à rendre palpables ces moments magnétiques et mystérieux de la rencontre amoureuse.
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Ce film sur l’amour fou est d’un lyrisme dont la partition fait ressentir le poids de la fatalité et nous émeut.
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Le trait est parfois lourd, mais il y a de la virtuosité à faire valser ainsi les sentiments.
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Le mélodrame filmé par Benoît Jacquot n'existe que par le cinéma, en premier lieu par les interprètes, qui incarnent des figures dont ils font des personnages. Alors, Oui, Benoît Poelvoorde est parfait, et plus surprenant peut-être qu'il ne l'a jamais été. Oui Chiara Mastroianni est magnifique comme rarement. Oui Charlotte Gainsbourg est à tomber, elle donne à penser qu'elle vit chaque situation, que jamais elle ne joue. Elle est tout en impulsions, en réflexes, désinvolte en apparence, en réalité tendue à l'extrême, si concentrée que peut-être bien elle pense alors à autre chose. C'est elle qui fait battre le coeur du film, et alors tout semble pouvoir advenir, et advient en effet.
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L'auteur de "La fille seule" réinvente le mélodrame, en le dégraissant de ses méchants. Et filme ses comédiens comme personne. (...) C'est rare qu'un film gagne ainsi sur tous les tableaux qu'il s'est choisis.
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Ce qui nous retient dans ce thriller sentimental dépressif ? Ses comédiens. Poelvoorde excelle en homme torturé. Face à lui, Chiara Mastroianni et Charlotte Gainsbourg apportent un peu de légèreté au mélodrame.
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Benoît Jacquot nous propose une jolie variation sur les coïncidences de la vie et les occasions manquées.
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"3 Coeurs", ce "Back street" à fleur de peau où le palpitant joue décidément un rôle majeur, impose Benoit Jacquot comme un maître du mélo. Il y retrouve ses figures de style habituelles (la fuite d'une femme), y filme l'amour tel un thriller hitchcockien, organise le tango macabre du désir et des regrets. Comédiens parfaits, Flaubert pas loin, voilà du Douglas Sirk contemporain.
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"Trois Cœurs" est un film dont le meilleur - sa noirceur, sa mélancolie - rode dans les coulisses de sa mise en scène manifeste. Dans cet esprit, au sens fantomatique (Benoît es-tu là ?), le finale est un coup de théâtre. Qui suggère, hypothèse fantasque à entrées multiples, que tout ce qui vient d’être vu n’est peut-être jamais arrivé (définition somme toute ontologique du cinéma). Mais aussi que tout se joue dans les limbes d’un intrigant en deçà-par delà, aux Tuileries où tout a commencé et se clôt.
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Le film comporte quelques excès mais les interprètes, Benoît Poelvoorde en tête, face aux frémissantes Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni, sont plus remarquables les uns que les autres.
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Plus généralement, il faut reconnaître à Benoît Jacquot un talent certain pour orchestrer les moments d’humour, et une certaine aisance pour glisser d’un registre à l’autre. Mais le film, servi par une mise en scène trop démonstrative (les personnages regardant leur téléphone, s’envoyant des sms, etc.) décevra les amateurs d’un cinéaste au demeurant éclectique et talentueux.