A quelques jours de la sortie, le 24 avril, Luca Guadagnino, Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist nous livraient les coulisses de Challengers, de la conception du film à l’alchimie entre les acteurs, en passant par les costumes et la musique.
Escale de leur tournée promotionnelle très médiatisée, la capitale française a accueilli l'équipe de Challengers le temps d’une conférence de presse. Entre les murs du très chic Hôtel Crillon, Zendaya, Josh O’Connor, Mike Faist et leur réalisateur, Luca Guadagnino, ont pris le temps de revenir sur certaines caractéristiques du film déjà rendu iconique par un press-tour abondamment relayé sur les réseaux sociaux, et dont Zendaya s’est révélée la coqueluche. Un film fashion, oui, mais pas que : Challengers a bien des aspects à nous faire découvrir selon son équipe.
Challengers : retour (enfin !) gagnant pour Guadagnino [critique]Les règles du jeu
Challengers n'est pas la simple retranscription d’un match de tennis. Le film est lui-même construit comme un jeu. Luca Guadagnino le dit lui-même : “Nous devions vraiment nous investir dans le jeu. C’était la chose la plus importante : le jeu de la vie, le jeu de la compétition, du défi et de la séduction. Et finalement, de l’amitié aussi, je dirais”.
“Quand on regarde un match de tennis [...], c'est une expérience très objective, poursuit-il. J'ai pensé à en faire quelque chose de très subjectif. Pour moi, l’idée immédiate, c’était de pouvoir être à l'intérieur du jeu. Mais être à l'intérieur du jeu signifie aussi être à l'intérieur du jeu avec eux, avec ces personnages. Je pense donc que la performance est également à l'origine d'une grande partie de ce que fait la caméra.”
Pour Mike Faist, le principe était clair. Les acteurs étaient des pions sur l’échiquier sur le plateau de tournage, dont Luca Guadagnino et Justin Kuritzkes étaient les véritables maîtres du jeu :
“Il s'agit simplement de se déplacer, d'être présent, de rester ouvert, d'écouter et de répondre, puis de faire confiance à Luca, bien sûr, pour faire fonctionner le montage et faire son travail, puis de s'appuyer sur Justin et le magnifique travail qu'il avait déjà fait pour nous,” déclare-t-il.
Un jeu de passe-passe
Comme les décrit le réalisateur, Tashi, Art et Patrick sont trois “personnages chargés d’émotions”. “Je veux dire qu'il n'y a rien de mieux que les gens qui sont désordonnés, qui ne savent pas ce qu'ils doivent faire dans leur vie et qui le font quand même,” précise Guadagnino.
Trois personnalités fortes et intenses donc, qui ne ressemblent pas forcément à leurs interprètes. Selon Josh O’Connor : “Nous jouons des personnages éloignés de nous-mêmes, ce qui est toujours excitant et stimulant.” Un challenge pour les acteurs, qui s’est ajouté à celui de jouer les trois sommets d’un triangle amoureux. L’acteur revient sur le lien inextricable qui unit ces meilleurs amis-ennemis, en parallèle avec celui qui les lie au sport :
“Ils sont tous obsédés les uns par les autres. Mais ils sont aussi obsédés par le tennis. [...] Au début du film, vous avez trois personnages [...] qui ont un amour, un désir et une passion l'un pour l'autre et pour un sport, qu’ils finissent par perdre. Pour moi, tout le film est donc consacré à chacun d'entre eux, qui essaie de retrouver ce qu'il a perdu.”
Luca Guadagnino va plus loin sur la notion de triangle amoureux, qui selon lui, repose sur un équilibre primordial :
C’est Zendaya qui a soufflé les noms de Luca Guadagnino, Josh O'Connor et Mike Faist pour Challengers“Je pense que dans chaque triangle amoureux et dans chaque relation où la jalousie est en jeu, le triangle doit toucher tous les coins, et la jalousie doit être dirigée dans toutes les directions, pas dans une seule. Pour moi, il était donc important de ne pas raconter l'histoire de deux hommes qui cherchent à conquérir la même femme. Il s'agit de trois personnes qui se rencontrent chimiquement et qui ne peuvent plus être séparées.”
Les coulisses du match :
Contrairement à leurs personnages, Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist se sont très bien entendus, et ce, malgré les efforts physiques que leur demandaient les préparatifs du tournage de Challengers.
“Nous sommes allés en camp de vacances, comme je l'appelle, raconte Zendaya. En fait, on se levait, on travaillait ensemble notre tennis. On était tous dans le même bateau. Ensuite, on a dû aller à la salle ensemble, et on a construit un vrai système de soutien. Et puis, on a répété ensemble, et on a dû partager notre espace, parler de ces personnages, débattre de leurs sentiments personnels et de ce qu’on ressentait, de nos propres points de vue. On a pu prendre le temps de creuser la question, de se sentir soutenus.”
Selon l’actrice-productrice, les trio fictifs et réels sont aux antipodes l’un de l'autre. Loin de la toxicité de Tashi, Art et Patrick, elle confie :
“Je me sentais bien. Je me sentais en sécurité. Et c'est ce qu'il faut pour jouer des personnages aussi fouillis. Entre les scènes, nous pouvions rire et passer un bon moment, alors que ces personnages se seraient affrontés constamment.”
Double messieurs
Comme l’a déjà révélé Zendaya en couverture de Vogue, c’est elle qui a suggéré le nom de Luca Guadagnino après avoir accepté de produire le projet. Elle était pourtant loin d’imaginer que cette proposition mènerait le réalisateur de Call Me by Your Name à commencer une collaboration artistique prolifique avec Justin Kuritzkes, le scénariste de Challengers.
Pour Guadagnino, tout est d’abord passé par le script : “Le scénario était brillant, professe-t-il. Et un bon scénario est un scénario qui promet beaucoup et qui maintient toutes les promesses en lui-même, parce que lorsque vous le lisez, vous savez qu'il y a un potentiel".
“Avec Justin, nous avons beaucoup accroché. Et puis nous ne nous sommes jamais quittés, encore aujourd'hui," déclare-t-il même en souriant. Et effectivement, Justin Kuritzkes et Luca Guadagnino travaillent ensemble sur un nouveau film. Intitulé Queer, ce projet sera une adaptation du roman homonyme de William S. Burroughs, qui dépeint la relation complexe et obsessionnelle d’un couple de jeunes hommes.
Zendaya aurait aimé aller au lycée dans la vraie vie, et pas seulement à l'écranLe costume de l’emploi
L’identité visuelle de Challengers passe en partie par les costumes. Ils ont été conçus par Jonathan Anderson, le directeur créatif de la marque de luxe LOEWE, que Zendaya a pu mettre en avant à plusieurs reprises pendant la tournée promotionnelle. Icône de la mode, la jeune actrice n’a pu qu'apprécier ce choix artistique du réalisateur :
“Je pense évidemment qu'il est emblématique et qu'il a créé un art dont nous pouvons tous profiter, dit-elle du designer. C'était amusant de suivre le processus en temps réel, de comprendre, de creuser et de découvrir qui sont ces personnages, parce que nous parlons beaucoup, en ce moment, de la façon dont les vêtements influencent la performance et les décisions.”
Fidèle à elle-même et à l’image qu’elle donne sur les tapis rouges, appliquant avec zèle les principes du “method dressing”, elle conclut : “Ce ne sont pas que des vêtements. Ce ne sont jamais que des vêtements”.
Transpiration collective
Pour Challengers, Luca Guadagnino a fait appel à un duo d’artistes qu’il connaissait bien. Trent Reznor et Atticus Ross avaient en effet déjà travaillé sur la bande-originale très éthérée de Bones and All. Ici, virement à 180 degrés : la bande-annonce dévoile une partie de la bande sonore qui, à coups de pulsations presque électriques, vient rythmer les actions mais aussi les dialogues du trio de personnages.
Le réalisateur utilise une métaphore singulière pour expliquer ce choix de sonorités :
“Lorsque nous avons fait un montage sec, sans musique, seulement avec les repères des chansons que nous voulions jouer, j'ai senti que le film avait cette sorte de... Il y avait une tension dans le film qui était très fascinante. Vous savez, quand il fait chaud, un jour d'été brûlant, et que vous avez besoin de boire quelque chose de très frais, comme un Coca-Cola. Il y a quelque chose de pop que j’aime bien dans cette situation.”
“ Pour moi, la métaphore était que l'expérience [du film] devait être aussi énergisante et captivante qu'un verre de Coca-Cola par une journée très chaude, poursuit-il. A cela s’est ajoutée l’idée que lorsqu’on va à une rave, on ne boit pas d'alcool parce qu'on doit prendre des pilules (rires). Je me suis donc demandé comment faire pour que le public du film ait l'impression d'être dans une rave sans les pilules. J'ai appelé Trent et Atticus, et je leur ai dit que nous devrions faire de la bonne grosse musique house et que cela devrait être le moteur du film.”
Challengers sortira dans les salles le 24 avril 2024. Voici la bande-annonce du film :
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