Première
par Vanina Arrighi de Casanova
Mais si le récit est visiblement réaliste, documenté, très minutieux dans la description des rouages et des rapports (de force) humains, L'Exercice de l'Etat est aussi un grand film romanesque qui, entre deux séquences de réunion de travail, peut devenir spectaculaire. Avec un sens de la mise en scène rare, Pierre Schoeller mêle ainsi les instants de la vie quotidienne à de magnifiques envolées visuelles, séquences de rêve à l'ambiance lynchienne (ou kubrickienne façon Eyes Wide Shut) ou scène d'accident époustouflante qui interrompt avec une rare violence le cours du récit. Ces effets disruptifs ne sont pas de pures prouesses de style ; chaque élément, même le plus fantaisiste, est une étape sur le parcours du personnage ou un révélateur de sa personnalité. Dans ce tourbillon d'événements qui peut être d'abord déconcertant, on réalise vite que tout fait sens et que le chaos apparent cache un ordre très maîtrisé. Une maîtrise que Saint-Jean - figure symbolique du pouvoir qui ne peut pas grand chose - n'a pas, lui, sur la réalité. Pas plus que sur son propre destin.
Si L'Exercice de l'Etat ne cède pas, loin s'en faut, au tous pourris, livrant un discours bien plus complexe et nuancé, le film de Pierre Schoeller dresse malgré tout un constat cruel en décrivant une classe politique qui exerce un pouvoir qui en réalité lui échappe.
Première
par Isabelle Danel
Ce qui frappe dans ce troisième film politique présenté à Cannes en mai dernier, en marge de La Conquête et de Pater, c’est sa force de vérité. Tout est inventé et pourtant tout sonne juste au sein de ce petit cercle de gouvernants en constante ébullition. (...) Percutante dans tous les sens du terme, la mise en scène ambitieuse et documentée de Pierre Schoeller (Versailles) cerne les couleurs et les humeurs, les jeux et les enjeux du pouvoir. Côté interprétation, Gourmet, Blanc et Breitman sont impressionnants, et le film, palpitant, reste violent et passionnant, y compris dans ses moments les plus complexes.