Co-créateur et réalisateur, Christopher Thompson nous explique sa vision pour la nouvelle fiction historique qui commence ce soir sur France 2.
C'est une saga qu'il a découverte alors qu'il était petit garçon, quand son grand-père, Gérard Oury, lui a offert le premier tome. Quarante ans plus tard, Christopher Thompson adapte Fortune de France en série pour France télévisions. Une grande saga familiale et historique adaptée de Robert Merle (la saison 1 couvre le premier tome paru en 1977), qui nous plonge dans le quotidien des Siorac, petite noblesse du Périgord au XVIe siècle, loin de la Capitale, mais plongée quand même au cœur des guerres de religion.
Une manière de raconter le Royaume de France "à travers le prisme d’une famille de province", nous confie le co-créateur, qui a aussi réalisé tous les épisodes. "Les premiers tomes de Robert Merle s’étalent entre 1559 et l’édit de Nantes en 1598. C’est une époque passionnante, qui raconte aussi une guerre de succession en filigrane, puisque les Bourbon succèdent aux Valois. C’était une période de guerre politique, spirituelle, qui a coupé la France en deux."
L'Histoire à l'échelle d'une famille d'une petite noblesse de campagne
Une fracture qui aura des conséquences à Paris, mais pas que. Fortune de France n'a pas vocation à peindre le pouvoir central, mais à montrer les ricochets chez les nobles de Province, en l'occurrence, la famille de Siorac, au fin fond d'un château de Dordogne. "On n'est pas dans Les Rois Maudits" insiste Christopher Thompson.
"On n'est pas à la Cour de France. On ne parle pas des grands, on ne parle pas de la royauté. On est dans la micro-histoire à travers cette famille et les rendez-vous de la vie familiale : les naissances, les décès, les engueulades, les amours adolescentes ,les départs des enfants etc. Les événements de Paris, des décideurs de la Cour sont loin. Ils ont une influence sur leur vie quotidienne, parce que ça déclenche une guerre. Mais on n'est pas chez les grands nobles du Royaume. On est à l'échelle d'une famille d'une petite noblesse récente, à la campagne, où les maîtres et les serviteurs vivent ensemble. Un peu comme dans Downton Abbey si l'on veut faire une comparaison. C'est un peu une microsociété à l'intérieur de ce château, avec ses classes sociales. Là est la spécificité de la série."
La famille Siorac a-t-elle réellement existé ?
Inspiré de l'esthétique de Patrice Chéreau et sa Reine Margot dans sa mise en scène, le réalisateur a voulu quelque chose de très réaliste. Jusque dans les dialogues. "Je pense que nous sommes arrivés à une écriture très juste sur le plan historique. On a essayé de ne pas raconter de bêtises. Même du point de vue de la langue. Il y a une musicalité dans les dialogues, à la fois inspirée de ce que Robert Merle avait fait dans ses romans, mais dans une version simplifiée quand même. Ceci dit, pour chaque dialogue, on s'est posé la question de l'origine des mots : quand sont-ils réellement apparus dans la langue française ? Même des mots d'argot ! On est allé à la source à chaque fois, pour être sûr de ne pas faire d'anachronisme, de rester dans un cadre tout en créant notre propre langue d'une certaine manière. Comme Robert Merle à l'époque, on s'est amusé à construire quelque chose d'accessible et d'amusant, qui puisse être en bouche pour des acteurs d'aujourd'hui."
Une fiction très proche d'une certaine vérité historique, mais une fiction quand même, qui assume son côté feuilleton. "Parce que la famille de Jean de Siorac n'a jamais existé" précise Christopher Thompson. "À la base, c'est un roman historique, mais toute l'histoire de la famille Siorac a été entièrement inventée par Robert Merle".
Fortune de France, saison 1, en 6 épisodes, à voir sur France 2 et en ligne sur France.Tv.
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