7 nominations : 7 prix. Le film de Damien Chazelle bat tous les records. Explication en 7 points.
La dernière fois qu’un film avait remporté tous les prix pour lesquels il était nommé, c’était en 1978 et Midnight Express – 6 Golden Globes. Cette nuit, La La Land en a remporté 7. Un record donc, pour une oeuvre qui supporte tous les superlatifs. Un film parfait, beau, joyeux sans être niais, incroyablement bien joué (et chanté, et dansé), magistralement mis en scène, un triomphe de cinéma total, un classique instantané, qui rassemble tout le monde : les critiques, Hollywood et bientôt le public. Pourquoi ? Simplement parce que…
Golden Globes : le triomphe de La La Land et le palmarès complet
1/ C’est un grand film sur Hollywood
Chantons sous la pluie, The Artist, Une Etoile est née, The Player… et même Argo. Hollywood adore les films sur Hollywood (encore plus quand ça chante). Dans La La Land, le personnage d’Emma Stone sert des cafés entre deux auditions : elle rêve de devenir actrice et dramaturge. Ryan Gosling, lui, cachetonne dans des bars à cocktail en attendant de ressusciter les clubs de jazz de la grande époque. La La Land est un film d’auditions et de répétitions, d’essais et de grandes premières. Une oeuvre sur l’usine à rêves, qui lève un coin du rideau rouge et nous emmène voir les décors ; dans un Los Angeles fantasmé où l’on chante et danse sur des échangeurs d’autoroute ou sous le ciel étoilé.
2/ C’est nostalgique, mais très contemporain
La La Land pourrait s’inscrire dans la belle lignée des films référentiels dont les auteurs partagent leur amour du cinéma à travers l’évocation nostalgique du cinoche et de la cinéphilie. Le technicolor, la couleur du ciel, le scope, les décors qui disparaissent, les surimpressions… au risque de se perdre en dérapages théoriques, mises en abyme pompeuses, clins d’œil faciles ou artefacts onanistes. Mais la mise en scène incroyablement énergique, pop et inventive de Chazelle évite l’écueil du formol. La La Land n’est jamais poussiéreux - son refus, malgré tout, de laisser le fantasme triompher de la réalité le rend sacrément actuel. On s’y marre et s’y émeut autant des péripéties sentimentales que des trouvailles visuelles, des citations plus ou moins cachées et des jeux de miroirs. Pas post ni méta, juste authentique.
3/ C’est une grande comédie musicale
Un genre oublié, mais que l’on adore du coté du Kodack Theater. La scène d’ouverture du film, sur la Highway, brillamment parodiée aux Golden Globes, est un tour de force dont on pense que le film ne se remettra jamais. Pourtant, le reste sera à la hauteur (le numéro d’Emma Stone qui se prépare à sortir avec ses copines, la scène de la fête branchée, Stone et Gosling au planétarium…). Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça et le film de Chazelle évoque d’ailleurs les plus grandes comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien. Du niveau de Chantons sous la pluie, oui. C’est le moment de parler de la chorégraphe Mandy Moore (citée plusieurs fois lors de la cérémonie – et non rien à voir avec la chanteuse de Raiponce) qui a su retrouver l’énergie, la fraîcheur et la spontanéité des classiques. Ses références vont de Top Hat à Un américain à Paris en passant par Les 7 femmes de Barberousse ou les Demy.
4/ Les chansons sont géniales
3 mots. City of stars… Elle va vous trotter longtemps dans la tête.
5/ C’est un film de stars
A une époque où les stars passent au second plan d’une industrie qui carbure essentiellement aux franchises, La La Land est porté par un duo ultra glamour : Ryan Gosling et Emma Stone au sommet de leur beauté et de leur art, qui s’aiment, qui jouent, qui chantent et dansent, pétillant, irradiant, bouffant l’écran. Ce ne sont pas des génies de la scène, mais ils savent jouer et nous émouvoir comme personne. Irrésistible.
6/ C’est un film qui fait du bien
Outre la musique et les numéros de danse réjouissants et impressionnants - outre la nature « feel-good » de la comédie musicale -, La La Land est un film qui s’autorise à rêver. Sans jamais être niais, il pose les questions essentielles sur l’amour, les aspirations, l’accomplissement de soi et la fidélité à ses rêves. Et il le fait avec le sourire. Un grand tourbillon de la vie, sur un air de claquettes. Comme les numéros de Fred Astaire et Ginger Rogers ou comme les numéros les plus somptueux, les plus joyeux de Busby Berkeley en pleine dépression, La La Land est le film dont le monde a besoin aujourd’hui.
Damien Chazelle : "La La Land répond peut-être à certains besoins d'aujourd'hui"
7/ C’est elle...
... et c’est lui
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