Uniquement disponible en vidéo jusqu’alors, ce Ghibli inédit est une chronique sensible de l’adolescence.
Il était destiné à assurer la succession de Miyazaki et Takahata. On ne saura malheureusement jamais si Yoshifumi Kondō aurait pu porter ce lourd héritage : il est mort trois ans après la sortie réussie au Japon, en 1995, de Si tu tends l’oreille, premier Ghibli à ne pas être réalisé par les deux fondateurs du studio -il y a eu aussi, juste avant, Je peux entendre l’océan, produit pour la télévision, voir critique ici.
Intercalé entre le loufoque Pompoko de Takahata et le majestueux Princesse Mononoke de Miyazaki, Si tu tends l’oreille est une respiration réaliste, qui lorgne du côté de Souvenirs goutte à goutte de Takahata -l'étalon de Je peux entendre l'océan également. On y suit la jeune Shizuku, une passionnée de littérature qui, par un mystérieux concours de circonstances, va faire la connaissance de Seiji, un apprenti luthier. Et le film de raconter l’éveil des sentiments entre ces deux adolescents portés sur l’art, tempérament affirmé chez Seiji, frémissant chez Shizuku qui jalouse un peu les certitudes de son amoureux. En bon maître japonais de la litote, Kondō tisse une relation complexe où les non-dits et les malentendus provoquent de délicats quiproquos. Ne peut-on voir derrière cet amour, qui se double d’une rivalité rentrée, une métaphore de l’émulation positive entre Miyazaki et Tahakata ? Un film décidément riche en interprétations.
Si tu tends l'oreille, disponible sur Netflix
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