A 16 ans, il a envoyé par mail le tout premier scénario qu’il avait écrit, sans aucun contact avec le monde du cinéma. Trois ans plus tard, Les Drapeaux de papier sort en salles, précédé d’une rumeur favorable plus que justifiée. Récit d’un conte de fées devenu réalité.
C’est une histoire qui n’existe a priori que dans les contes de fées. Un ado de 16 ans né dans la région de Grasse qui, sans le moindre début de commencement de lien avec le monde du cinéma, envoie son scénario par mail à quelques boîtes de production. Et qui, trois ans plus tard, voit son film débouler en salles, après avoir remporté les Prix du public aux festivals d’Angers et de La Roche sur Yon… Un rêve impossible devenu une réalité bel et bien tangible
Le goût pour le cinéma de Nathan Ambrosioni naît de la découverte à 12 ans, quelque peu contraint et forcé par ses potes, d’Esther de l’espagnol Jaume Collet- Serra. "J’avais extrêmement peur des films d’horreur. Je m’étais toujours refusé d’en regarder. Et ce fut un choc, une prise de conscience de tout ce que le cinéma peut provoquer." Dès lors, il "bouffe" du film comme un mort de faim. Et surtout commence les travaux pratiques. Il vend toutes ses consoles de jeu pour s’acheter une petite caméra. Et dirige chaque week-end ses potes dans des courts- métrage d’horreur. "J’étais bloqué sur le cinéma d’horreur, je ne regardais rien d’autre." Jusqu’à ce jour de Fête des mères où, pour faire plaisir à la sienne, il regarde avec elle Mommy de Xavier Dolan. Deuxième révélation. "Au-delà de me bouleverser, ce film m’a incité à élargir ma cinéphilie et à sortir de mes courts métrages horrifiques." Il commence à penser et rêver long métrage. Et se met à écrire Les Drapeaux de papier, centré sur la relation forte entre Charlie et Vincent, une sœur et un frère qu’elle retrouve après qu’il ait passé plusieurs années en prison.
"Le passage à la majorité s’approchait, symbole de liberté qui me faisait autant peur qu’il me fascinait. J’avais donc envie d’écrire sur ce sujet quand, au même moment, j’ai lu un article sur un prisonnier qui faisait une sortie sèche (NDLR : sans aménagement de peine). Sans pouvoir expliquer pourquoi, je me suis retrouvé dans son témoignage qui a façonné le personnage de Vincent. Et comme j’ai une sœur que j’ai toujours énormément admirée, j’ai eu envie de parler d’elle à travers le personnage de Charlie."
Une fois le scénario terminé, se pose alors la question de comment lui donner vie quand on n’a pas le moindre contact avec une société de production. Nathan Ambrosioni opte pour la solution la plus basique : chercher sur Internet les adresses mail des sociétés de production dont il aimé les films, leur envoyer son scénario… et les rappeler toutes les semaines. Et ça marche ! "Un mois plus tard seulement, Stéphanie Drouet de Sensito Films m’a appelé pour me rencontrer. Le lendemain, je séchais les cours et j’étais à Paris ! On a beaucoup parlé, elle a regardé mes courts et a accepté de m’accompagner." Tout comme lui avait préalablement dit oui Noémie Merlant pour qui il avait écrit le rôle de Charlie après l’avoir découverte dans A tous les vents du monde. "Je suis allé lui donner mon scénario à la fin d’une avant- première du Ciel attendra. Elle a pris le temps de lire. Et un mois plus tard, elle m’a appelé pour qu’on se rencontre et assuré que si je trouvais un producteur, elle tiendrait ce rôle." Et comme elle a le même agent que Guillaume Gouix - "que j’ai découvert à 12 ans dans Les Revenants et qui a accompagné mon imaginaire de spectateur" - elle lui fait lire le scénario des Drapeaux de papier qu’il accepte lui aussi dans la foulée.
Nathan Ambrosioni sait donc non seulement ce qu’il veut mais l’obtient. Grâce à une productrice à l’écoute qui va jusqu’au bout de sa confiance en lui. "Stéphanie m’avait proposé de travailler avec un directeur de la photo très expérimenté. Mais je lui ai expliqué que je voulais le choisir moi en fonction des idées précises que j’avais en tête." Sur la Toile, il tombe sur le travail de Raphaël Vandenbussche qui se retrouve ainsi à faire ses débuts dans le long métrage. Même logique de confiance totale pour le montage où là encore Stéphanie Drouet dit oui à sa proposition de le signer lui- même.
On peut dire que cette dernière a eu du nez. Tant à l’écriture qu’à la direction d’acteurs et à la mise en scène, Les Drapeaux de papier témoigne d’une maîtrise remarquable et remarquée. Car Hugo Sélignac, le co-producteur du Grand bain, a déjà accepté de financer son deuxième film qu’il co-écrit actuellement avec Audrey Diwan (La French). Plus que jamais, l’avenir lui appartient !
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