Une comédie des frères Coen à revoir dimanche soir sur Arte.
Fin 2003, les frères Coen sortaient leur dixième film, Intolérable cruauté, avec Catherine Zeta-Jones et George Clooney. Entourés de leur équipe technique habituelle (le directeur photo Roger Deakins, Carter Burwell à la BO...), ils signaient une sombre comédie de couple, bien accueillie à sa sortie -le film avait notamment fait sensation à Venise-, mais un peu oubliée 20 ans plus tard.
Demandez autour de vous ; si vous citez le nom des deux cinéastes américains, on vous parlera de Fargo, de The Big Lebowski, de No Country For Old Men ou d'O Brother, avec le même acteur, mais certainement pas en premier d'Intolérable cruauté...
O'Brother provoque une euphorie légère et très agréable [critique]Pourtant, sur le moment, cet hommage aux "screwballs comedies" des années 1940 avait conquis le public. En plus de ses avis positifs, le film avait rapporté 120 millions de dollars au box-office, et attiré 1,2 millions de spectateurs en France.
Voici notre critique, accompagnée d'un extrait de l'interview de son actrice principale, rencontrée à la Mostra cette année-là.
Catherine Zeta-Jones - Intolérable cruauté : "George a cette relation avec les frères Coen, et je l’envie"La Californie, terre d’élection de Schwarzy, est un drôle d’État, et Hollywood une zone sans foi où la loi est celle de l’argent. À peine caricatural, Intolérable Cruauté montre des hommes obsédés par le pouvoir et des femmes obsédées par le profit qu’elles peuvent tirer d’eux. Au paradis (l’enfer?) de la réussite à tout prix, l’amour a-t-il encore une place? Rien n’est moins sûr, et la fin, en forme de pied de nez, entretient le doute. Contrairement à son apparence de comédie purement féroce et trash (on pense à La Guerre des Rose), le nouveau Coen en dit aussi long sur les nouveaux rapports de force entre hommes et femmes que les screwball comedies d’Howard Hawks en disait sur l’american way of life des années 40.
Film de mecs, Intolérable Cruauté n’est pas très tendre envers le sexe faible – à ce propos, la place de la femme dans l’œuvre des Coen mériterait une analyse poussée. Autant le personnage de Miles présente des failles qui le rendent attachant, autant celui de Marylin est une machine insensible tendue vers un seul but... Absolument épatant, George Clown-ey multiplie les mimiques (le brossage de dents a remplacé celui des cheveux dans O’ Brother) en conservant son charme intact. L’éternelle comparaison avec Cary Grant est vraiment la seule qui vaille à son égard. Face à lui, Catherine Zeta-Jones démontre, après Couple de stars, qu’elle est très à son aise dans l’autodérision.
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