Kaboul : un puissant récit au cœur du chaos [critique]

Le retour des Talibans au pouvoir raconté dans une fresque impressionnante, à l'ambition évidente et à l'atmosphère suffocante.

"Les Talibans sont aux portes de Kaboul !" Le 15 août 2021, Joe Biden annonçait le retrait des forces Américaines d'Afghanistan, après deux décennies de guerre. Un moment dramatique dans l'Histoire du monde, que raconte avec force et authenticité Kaboul, en compétition officielle à Séries Mania cette semaine.

Cette nouvelle série européenne à gros budget, fruit d'une collaboration entre onze pays (dont France Télévisions et ZDF en Allemagne) offre à cette fresque puissante une envergure rare à la télévision française. Une production ambitieuse, qui sera à voir dès lundi prochain à 21h sur France 2, et qui plonge le spectateur au cœur des événements terribles, survenus dans la capitale Afghane et ses alentours, lors de la reprise en main des talibans. On y suit les destins croisés de divers personnages, notamment la famille Nazany, confrontée à la nécessité de fuir, ou des derniers réfugiés de l'Ambassade de France, la dernière du pays à être restée ouverte...

En attendant 13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon (cet été au cinéma), qui parlera du même sujet, c'est le petit écran qui nous invite donc dans le chaos d'un pays en déroute, au fil d'un récit choral à couper le souffle. Profitant des moyens offerts par cette vaste coproduction européenne, Kaboul raconte le même événement sous divers points de vue, dans une atmosphère électrique impressionnante. Boostée par des décors épatants (tout a été filmé en Grèce, dans la région d'Athènes et dans l'aéroport désaffecté de Hellenikon) et une ambition palpable, la série décrit avec force et authenticité les conséquences réelles d'une décision politique, prise à des milliers de kilomètres.

Avec une volonté de réalisme chevillée au corps, Kaboul explore l'angoisse d'une cité en panique, alors que l'enfer arrive. Elle examine avec passion la détresse des femmes, qui avaient retrouvé une vie normale, et qui comprennent que le retour des Talibans signe la fin de leur existence. Elle narre avec intensité la pression terrible qui monte au sein de l'Ambassade de France, où les derniers représentants de la République tentent de sauver le plus de locaux possibles, dans une ambiance de vie ou de mort qui n'est pas sans rappeler l'angoisse et le suspense d'un certain Argo (le film de Ben Affleck, sorti en 2012).

Oui, Kaboul est une série ambitieuse, haletante et utile, qui ne cherche jamais à enjoliver la réalité. En mêlant l'intime à la grande Histoire, elle rappelle que derrière la politique, il y a des vies bouleversées, des destins brisés. Un récit implacable, porté par une mise en scène immersive, qui fait de cette fresque une œuvre collégiale réussie.

La série est déjà disponible en intégralité sur la plateforme france.tv et sera diffusée sur France 2 à partir du 31 mars à 21h10.