Ce classique de Robert Bresson (1957) revient sur Arte.
Un condamné à mort s’est échappé, de Robert Bresson, est programmé à 20h50 sur Arte. Une expérience inoubliable pour Première. Voici notre critique.
Le film de prison est un genre en soi. Avec son Condamné à mort s’est échappé sous-titré magnifiquement « le vent souffle où il veut », Robert Bresson a poussé l’exercice plus loin que les autres. « Cette histoire est véritable. Je la donne comme elle est. Sans ornements. » disait l’intéressé. Ce sont les derniers mots qui importent ici. Chez le cinéaste de Pickpoket, pas d’emphase, ni d’effet censé appâter le chaland, mais au contraire un dénuement chirurgical, une épure quasi-mystique. Cet aspect glacial, s’il peut surprendre, finit par combler même le plus rétif des spectateurs. La voix-off du prisonnier envahit tout l’espace et chacun des gestes du malheureux héros crée une mécanique qui force l’identification. « Lui » devient un peu « nous ». Imaginez l’astronaute de 2001 l’Odyssée de l’espace de Kubrick flottant dans la galaxie avec sa respiration en guise de métronome. Le condamné à mort lui ne flotte pas, il reste face à ses barreaux, mais sa présence devient elle-aussi omnisciente par la grâce d’une mise en scène supérieure. L’action se passe sous l’Occupation, le lieutenant Fontaine va payer de sa vie son appartenance à l’Armée secrète. Angoissé, il prépare minutieusement son évasion. Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1957, ce film transcendantal ne vous lâchera plus. Echappez-vous tant qu’il est encore possible.
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