Avant Les Banshees d'Inisherin, Martin McDonagh offrait déjà des rôles en or à ces deux acteurs irlandais.
Deux tueurs à gage se réfugient à Bruges, fuyant Londres après un assassinat qui a mal tourné. Ils rongent leur frein dans la cité belge lorsque leur boss demande à l’un d’exécuter l’autre...
L'hiver dernier, les Irlandais Colin Farrell et Brendan Gleeson étaient tous les deux excellents dans Les Banshees d'Inisherin, un drôle de drame sur l'amitié réalisé par Martin McDonagh (3 Billboards). Quelques années plus tôt, le même scénariste et réalisateur les réunissait pour un thriller au ton déjà original, Bons baisers de Bruges, à revoir ce soir sur Arte. Précisément à partir de 22h40.
Les Banshees d'Inisherin : Colin Farrell à son sommet [critique]Du sang, de l'action et le tout avec une belle pointe d'humour 100% british. Il serait dommage de se priver du plaisir de se remater une nouvelle fois cette réussite sortie en 2008 au cinéma. Même si le "premier acte est très - trop - dialogué", écrivait Première à l'époque, Bons baisers de Bruges "nous invite à une réflexion sur l'image tout à fait stimulante." "Portés par la présence des comédiens, les deux derniers actes voient la mise en scène prendre de la hauteur", précisions-nous en lui offrant trois étoiles.
Une intrigue bien ficelée, des bons rebondissements et des répliques jouissives, Bons baisers de Bruges, qui est également porté par Florence Poésy, Ralph Fiennes et Jérémie Renier, mérite le détour. A l'époque, Première était partenaire du site culturel Fluctuat, qui avait publiée un avis plus long. Le voici, pour patienter jusqu'à sa rediffusion.
Un film de tueurs où l'on s'extasie devant les merveilles architecturales brugeoises. Un film d'action où l'on passe la soirée à siroter des pintes au pub. Un film d'espionnage où un nain s'habille en écolière. Le tableau est pour le moins éclectique. En tout cas, c'est inclassable et c'est à voir !
"La Belgique : ses moules, ses frites, et ses tueurs à gages." La promesse de l'affiche peut mettre l'eau à la bouche ou faire franchement fuir. Pas de panique, il ne s'agit pas de la dernière grasse et indigeste comédie made in USA pour ados bouffeurs de pop-corn. Au contraire, cette petite surprise - venue d'outre-Manche et non d'outre-Atlantique - s'avère plutôt goûteuse ! D'une saveur rarement fleurée ailleurs, même.
Aux commandes, le réalisateur et scénariste Martin McDonagh, par ailleurs dramaturge, fait montre de subtilité. Naviguant entre les genres sans risquer l'effet patchwork d'un tel exercice, il équilibre la franche comédie par une petite touche de romance et de drame, fait surgir l'action par surprise, accélérant soudain le rythme d'un déroulement autrement plus posé. S'ajoutant à cette fine réussite, l'humour british ne faillit pas, s'offrant le luxe de la haute voltige entre mauvais goût et gag lourdingue sans jamais tomber dans l'un ni l'autre.
Avec son rôle de tueur irlandais réfractaire à la poésie des canaux brugeois, Colin Farrell livre quant à lui une performance aux petits oignons. Jamais à côté de la plaque, il joue la niaiserie, le trauma ou la séduction avec un naturel égal, composant un protagoniste d'une réalité palpable à chaque plan. Son partenaire Brendan Gleeson n'est pas moins au point, mais petit bémol en revanche pour Ralph Fiennes, dont le jeu comme le personnage sont plus caricaturaux.
Lorsqu'il évoque son film, Martin McDonagh parle d'une histoire à la fois « drôle, excitante, pleine de danger, étrange et complexe ». Le mélange paraît improbable, pourtant ce sont là les mots justes. Ceux-là même qui font de Bons Baisers de Bruges un film unique en son genre, assez singulier pour n'être pas manqué, et bizarrement aussi anglais que... belge !
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