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Moins sensationnaliste que dans ses derniers films, Michael Moore n’a rien perdu de sa verve. Ni de son sens acéré des images fortes, par exemple lorsqu’il entoure du ruban jaune « crime scene» les sièges sociaux des banques, responsables de faillites mais également de la mort d’Américains moyens, ou encore lorsqu’il filme la friche industrielle qu’est devenue l’ancienne usine General Motors où travaillait son père. Pourtant, ses démonstrations, pas toujours clairement argumentées, semblent avoir vécu. Comme si la love story qui nous liait à lui était, elle, sur le déclin.
Toutes les critiques de Capitalism : A Love Story
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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A sa manière brouillonne, clownesque (il entoure les banques d’un bandeau « scène de crime » ou fait un impayable parallèle entre la Rome antique et notre monde), parfois démago (impossible de ne pas être ému par les cas présentés), Michael Moore expose les causes et dénonce les conséquences d’un système qui entrave la démocratie. Quasiment révolutionnaire, il lance un appel à la démocratie, celle que souhaitait instaurer Roosevelt en 1944, avec une nouvelle déclaration des droits de l’homme prônant le droit au travail, au logement, à la santé, à l’éducation. 50 ans plus tard, aucun de ces droits n’est aujourd’hui garanti aux Etats-Unis.
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Heureusement Capitalism n'est pas qu'un ramassis d'inepties mises en images par un gros plein de soupe avide de gloire et d'envies de rendre sexys les slips XXXL. Malgré son enveloppe corporelle, Moore laisse parfois entrevoir une âme punkette. (...)Il ne se borne donc pas à faire du journalisme militant de base, débile et faussement impliqué comme nous en sert Canal+ à la louche. La science-fiction a toujours été une grande force américaine et le film nous prouve qu'elle n'est pas éloignée de la réalité de certaines grandes entreprises - Soleil vert n'est pas loin. En outre, Moore se révèle plutôt honnête en conclusion, admettant en avoir marre de se répéter, de faire le clown pour alerter une opinion publique étouffée et mise sous perfusion : on est plutôt d'accord avec lui, bien que ce film, qui aurait d'avantage mérité un traitement télé en mini-série, aura eu la bonne idée de nous montrer ce qui attend la France et ses quinze ans de retard sur cette Amérique qu'elle admire tant.
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Comme souvent chez Michael Moore, on trouve à boire et à manger dans son nouveau film : de la confusion politique, un peu de populisme, de la manipulation, des facilités, mais aussi de l’humour, quelques informations et quelques vérités. Une chose est sûre, malgré tout ce qui peut agacer chez lui, on ne s’ennuie pas. (...) Michael Moore ne fait pas le cinéma politique le plus fin et rigoureux : en cédant souvent aux effets de montage faciles ou aux démonstrations grossières, il semble aussi oublier que le capitalisme lui permet d’entretenir sa petite entreprise de spectacle florissante. Mais ses films ont peut-être le mérite d’agiter plaisamment le débat et d’éveiller la conscience d’une part du public essentiellement “informée” par les grands networks télévisuels. Le contestainment de Moore est une réponse à l’infotainment.
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La crise vous angoisse ? Pas de panique : Michael Moore prescrit « du pop-corn et des fourches ». Du pop-corn, pour les habituelles bouffonneries de l'agitateur bateleur. Les fourches, elles, sont réservées à l'ennemi : grands patrons, requins de Wall Street, politiciens... Bref, tous ceux qui ont contribué au triomphe d'un système ultralibéral, inégalitaire et prédateur.
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Chemin faisant, il glisse des moments émouvants : expulsions inhumaines, souvenirs de son père, éloge du "little guy" (le petit peuple). C’est réjouissant, bien vu, et en plein cœur de cible. Et c’est drôle, mais au fond pas si drôle que ça.
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De moins en moins documentariste, de plus en plus pamphlétaire, mais dans un style chaque fois plus drôle et mordant, Michael Moore signe un film vecteur de colère. Et ô qu’elle est salutaire!
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Après le sarcastique Fahrenheit 9/11 et le démagogique Sicko, Michael Moore revient plus cinglant que jamais avec Capitalism : A Love Story. Peut-être parce que "l'ironie est l'humour du désespoir", dixit Oscar Wilde, le documentariste trouve dans la crise économique de quoi nourrir son pamphlet rageur contre les banques et la finance. Certes, il n'évite pas certaines âneries, comme son opposition entre démocratie (système politique) et capitalisme (système économique), mais son humour et son humanisme fonctionnent à plein régime lorsqu'il se penche sur les faits irréfutables (...)
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Servie sur un plateau, cette crise financière mondiale n'était pas forcément à offrir à Michael Moore. Trop belle, trop évidente. Un combat gagné d'avance ne fait a priori ni de grands films ni de bons tracts. (...) cela n'empêche pas Moore de nous mener par le bout du nez pendant deux heures.
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(...) dans cette croisade contre l'iniquité, il donne encore quelques estocades bien senties, révélant de révoltantes réalités comme le scandale des assurances vie dans les entreprises. Mais il se laisse aussi aller à ses travers du raccourci et de l'amalgame, assenant au passage des vérités ne reposant que sur de très discutables arguments. Un peu de rigueur, please !
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Selon son auteur, Capitalism: A Love Story, le nouveau pamphlet du documentariste américain Michael Moore, est l'aboutissement du combat qu'il mène depuis vingt ans : la dénonciation de l'impact désastreux des puissances financières sur la vie des Américains. Fidèle à son ton, celui d'un cours politique à la fois offensif et drôle, mais comme apaisé d'avoir rempli sa mission, il pose une question : quel prix l'amour du capitalisme fait-il payer à chaque citoyen américain ? [...] Le film accuse moins telle personne ou telle entreprise qu'une philosophie. Ce n'est pas tant un film sur la crise que sur un système, celui du libre marché, du culte du profit.
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Si l’on peut intégralement approuver l’état des lieux inquiétant dressé par l’auteur, forcément d’utilité publique, [...] certaines circonvolutions sont plus douteuses. Le recours à l’émotion facile, assimilable aux ficelles de la télé-réalité et l’usage de quelques exemples hasardeux pour témoigner de la fragilité des classes aux USA [...] tempèrent notre enthousiasme. Moore abuse évidemment de son inclination pour le raccourci manichéen et ultra réducteur (les USA, ce n’est pas bien, l’Europe, c’est mieux...), et en oublie dans son pamphlet de s’interroger sur les conséquences écologiques dramatiques que génèrent ce système et le culte de la croissance. Mais qu’importent tous ces impairs, rien n’entache jamais notre capital de sympathie son égard. Sa bonhommie, son humour et son humanité excusent ses défauts bien mineurs dans un monde qui manque indéniablement de personnalités aussi charismatiques et offensives que la sienne pour vraiment bousculer le désordre établi.
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(...) ce film (...) n'a pourtant aucune qualité cinématographique à proprement parler. On n'applaudira ni la mise en scène, ni l'image, ni la musique du doc' de Moore : parfois, l'essentiel est ailleurs, dans un discours, une énergie, une nécessité brûlante de balancer ce qu'il nous reste de colère sur un écran, d'agir et de l'ouvrir quant tous les autres se sentent encore confortables, même dans la merde.
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Depuis le temps, on le sait : Michael Moore est un pamphlétaire. Sa « méthode », sujette à caution mais formidablement efficace, mêle images d’archives et reportage, documents pris sur le vif et séquences forcément mises en scène. Intelligence, humour, énergie, mais aussi démagogie, mauvaise foi et complaisance, il y a de tout ça dans cette déclaration de guerre à Wall Street, édifiante autopsie du rêve américain.
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Si son discours est éminemment louable, sa méthode, nourrie de révolte, n'a rien d'un modèle de rigueur. Ce qui, au-delà de ses qualités et de son humour, limite la portée de ce nouveau brûlot.
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Tout n'est pas bon chez ce cochon de Moore, mais il faut regarder ses films comme on écoute un discours de George Bush : en laissant son cerveau de côté. Quitte à se faire avoir, c'est un peu plus drôle et moins grave avec l'américain qui ressemble à une pub pour Mac Do qu'avec celui qui est épais comme un billet de banque.
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Pour Moore les choses sont simples. Il y a les riches, il y a les pauvres, et les premiers déploient des trésors d'ingéniosité pour mettre les seconds à la rue. Plus de milieu. [...] Morre mélange de saine colère et de vraie roublardise s'en sort avec mention en agitateur brouillon. En penseur il convainc moins. L'émotion facile ne le rebute pas. [...] Le réalisateur a perdu quelque kilos et a conservé sa démarche d'éléphanteau. Le film lui ressemble: il est lourd et traîne les pieds. dans le genre trublion inoffensif et complaisant, on préfère Karl Zéro. Désolé.