Portrait d'un second rôle essentiel, Bill Nighy
Disney/Mars Distribution/Disney
Bill Nighy : "Pour moi, la musique est finalement plus importante que l'acting"
Mars Distribution
Bill Nighy dans Love Actually de Richard Curtis (2003)
Mars Distribution
Bill Nighy dans Jeux de pouvoir (State of play) de David Yates (2003)
BBC
Bill Nighy dans Shaun of the dead de Edgar Wright (2004)
Mars Distribution
Bill Nighy dans The Constant Gardener de Fernando Meirelles (2005)
Mars Distribution
Bill Nighy dans Pirates des Caraibes : le secret du coffre maudit de Gore Verbinski (2006)
Disney
Bill Nighy dans Valkyrie de Bryan Singer (2008)
20th Century Fox
Bill Nighy dans Harry Potter et les reliques de la mort de David Yates (2010)
Warner Bros
Bill Nighy dans Indian Palace et sa suite de John Madden (2012, 2015)
20th Century Fox
Portrait d'un second rôle essentiel, Bill Nighy
Bill Nighy : "Pour moi, la musique est finalement plus importante que l'acting"
Bill Nighy dans Love Actually de Richard Curtis (2003)
Bill Nighy dans Jeux de pouvoir (State of play) de David Yates (2003)
Bill Nighy dans Shaun of the dead de Edgar Wright (2004)
Bill Nighy dans The Constant Gardener de Fernando Meirelles (2005)
Bill Nighy dans Pirates des Caraibes : le secret du coffre maudit de Gore Verbinski (2006)
Bill Nighy dans Valkyrie de Bryan Singer (2008)
Bill Nighy dans Harry Potter et les reliques de la mort de David Yates (2010)
Bill Nighy dans Indian Palace et sa suite de John Madden (2012, 2015)

C'est bientôt Noël, alors la traditionnelle rediffusion de Love Actually est elle aussi de retour : M6 reprogramme la comédie culte de Richard Curtis, à 21h05. L'occasion de rediffuser notre portrait d'un second rôle essentiel au cinéma contemporain : Bill Nighy. Outre son rôle de rockstar réenregistrant le tube "Love is All Around" au moment des fêtes dans ce film chorale, il était aussi marquant ces dernières années en beau-père zombifié dans Shaun of the Dead, en Davy Jones, capitaine de navire maudit dans Pirates des Caraïbes 2 et 3, en animateur de radio dans Good Morning England ou en papa doté d'un pouvoir incroyable dans Il était temps - deux projets également conçus par Richard Curtis. C'est d'ailleurs à l'occasion de la sortie de cette comédie romantique avec Domhnall Gleeson et Rachel McAdams, en 2013, que nous l'avions rencontré pour évoquer sa carrière. Flashback.

Bill Nighy : "Il était temps est un film de voyage dans le temps anti-voyage dans le temps"

Bill Nighy : "Pour moi, la musique est finalement plus importante que l'acting"

"Pattern", "rythme" et "mélodie" : Bill Nighy est un comédien qui parle de sa carrière comme un musicien. Au fond, le second rôle est un peu comme le bassiste du film, celui qui imprime le phrasé, soutient l'équilibre et, depuis le fond du cadre, raccroche les wagons des frontmen. Dandysme machiavélique, élégance brit et ironie cinglante, Bill Nighy fait penser à John Entwistle, qui alignait les lignes de basse pour soutenir l&'édifice des Who, empêchant les sessions de sombrer dans le chaos absolu. Un peu comme les perfs de Nighy qui sauvent ces temps-ci les pires blockblusters du naufrage (La Colère des Titans, récemment). C'est son registre depuis quelques années : on l'a vu en Dracula Lee dans Underworld, dans le rôle d'un pirate à tête de calamar dans Pirates des Caraïbes 2 et 3 ou dans celui du Dieu boiteux dans l'homérique Colère des Titans... A chaque fois, il apporte une folie rock à tous ces rôles : dandysme dark chez les vampires, hybris chez les pirates (et avec un personnage nommé Davy Jones, on n'est pas très loin des Monkees) ou délire roots sur l'Olympe.

Assis dans un hôtel chic parisien, avec son costard slim qui irait comme un gant au Jagger 60's, il valide la métaphore. "C'est marrant parce que pour moi la musique est finalement plus importante que l'acting. J'entends mes camarades de jeu citer De Niro ou Pacino comme mentors... Si je dois m'en choisir un, c'est Bob Dylan. Il reste l'inspiration la plus importante de ma vie - tous mediums confondus. Je te parle de réalité, hein, de la personne dont l'oeuvre m'inspire, où je puise les choses les plus essentielles à mon travail ou ma vie. "Bob is the greatest." La musique plus forte que tout ? "Sans hésiter. Je préfère les Stones à Shakespeare. Pourquoi ? Comme disait Sir Keith Richards à propos de Mozart : au fond, son problème c'est qu'il n'a pas de batteur. Shakespeare, pour moi c'est pareil. De la basse à la batterie, au fond, tout est donc question de rythme." De là sans doute cette incroyable présence, cette force tellurique qu'il imprime à tous ses rôles et ce phrasé laid-back : "Tous mes rôles se nourrissent de musique pour le rythme, la démarche, la diction. Quand tu me vois à l'écran, pense que je viens juste de me passer une chanson de Marvin Gaye ou de John Lee Hooker dans mon trailer. Ca te donne une inspiration vraiment différente."

Pas un hasard donc si Bill Nighy est devenu célèbre en incarnant trois rockers déments et dissolus : dans Still Crazy, en 1998, il était le frontman Ray Simms, héros du supergroup 70's Strange Fruit. Cinq ans plus tard, il décolle avec Billy Mack le rocker lessivé de Love Actually. Avant de décrocher le rôle de Good Morning England. Mais plus que l'incarnation du rocker, ce qu'il vise c'est un état d'esprit, une attitude, une façon de bouger. "Les chanteurs qui sur scène, peuvent faire le grand écart et revenir sur le backbeat comme Prince ou James Brown m'impressionnent vraiment. Ils ont mon respect éternel. Prince surtout : il peut revenir en chantant et en jouant de la guitare... Et puis, il est tellement sharp et sexy !"

Même s'il n'est jamais héros au sens propre du terme (c'est la définition du second rôle et ça l'amuse même un peu : "La seule pattern de ma carrière, la seule récurrence ce serait plutôt d'être l'anti-héros"), "sharp" (affuté) et sexy pourrait être une bonne définition de ce qu'il fait/est dans les films. Dans Indian Palace, il est aiguisé dès le début, et, passant du type comprimé par sa femme à une libération totale, devient étrangement fascinant sans rien faire (son jeu se résume à des apparitions mutiques et mélancoliques). On n?'a pas dit qu'il était le Prince de ce mélo indien, mais son trou noir mystérieux et l'atout structurant du film, ça, sans problème. Sa ligne de basse en somme...
Par Gaël Golhen

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Love Actually de Richard Curtis

Son rôle : Pas vraiment un second rôle, mais pas vraiment un premier rôle non plus puisque dans cette guimauve chorale une dizaine de stars se partagent l'affiche/ Pourtant, on ne retient que lui. En rocker vieillissant qui opère un come-back improbable avec un tube de Noël ringard, il impose ses marques de fabrique : sens du rythme et ironie fêlée. Il vole même le show à Emma Thompson, Hugh Grant, Liam Neeson ou Claudia Schiffer... C'est le début de la célébrité.

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Bill Nighy dans Jeux de pouvoir (State of play) de David Yates (2003)

Son rôle : Bill Nighy incarne le rédac chef du journal, journaliste pro à l'ironie mordante et aux sourcils amusés... il émerge lentement comme le "comic relief" de cette série démente, brute et sèche, avant de devenir le héros de l'ombre et l'un des atouts de ce TV show implacable. Helen Mirren (pourtant super) ne lui arrive pas à la cheville dans la version hollywoodienne de Kevin MacDonald.

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Bill Nighy dans Shaun of the dead de Edgar Wright (2004)

Son rôle : Philip, le beau-père de Shaun. Il n'est là que dans quelques scènes, mais c'est assez pour nous bluffer, passant du type sinistre au mec sympa et finalement au zombie avec un naturel affolant. Nighy, capable de faire le grand écart et de se relever au fond du temps ? Le Prince de la zom-com, c'est lui et sa prestation n'est pas sans évoquer un autre "king of comedies", l'autre Bill, Murray.

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Bill Nighy dans The Constant Gardener de Fernando Meirelles (2005)

Son rôle : Bernard Pellegrin, chef du desk africain du Foreign Office. C'est la deuxième fois que Nighy joue dans une adaptation de Le Carré (on l'aperçoit dans La Petite fille au tambour, de George Roy Hill). Il a au fond la raideur et l'allure kafkaienne du bureaucrate anglais. Mais là, il joue le méchant : sa longue mâchoire décadente, son regard de serpent étaient fait pour incarner la vilénie. Il s'en donne à coeur joie dans le rôle du politicard prêt à tout (et notamment des accords monstrueux avec les labos meurtriers) pour garder le pouvoir.

Bill Nighy dans Pirates des Caraibes : le secret du coffre maudit de Gore Verbinski (2006)

Son rôle : Davy Jones, pirates sans coeur à tête de poulpe. L'une de ses nombreuses incursions dans le blockbuster fantastique et de loin la meilleure. Derrière la tonne de SFX, il réussit à créer un personnage essentiel de la saga, grâce à une performance rock fascinante. Il récidivera avec Verbinski en serpent venimeux dans son film d'animation Rango.

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Bill Nighy dans Valkyrie de Bryan Singer (2008)

Son role : Dans ce Bal des maudits signé Bryan Singer, Bill Nighy joue le général Olbricht, l'un des proches d'Hitler qui hésita au moment crucial du complot. Il lui apporte une dose d'empathie et réussit l'exploit de faire le poids face à un Tom Cruise fulgurant d'ambiguïté en contre-Führer. Son humanité étrange contraste finalement avec la raideur irréelle de Tom.

David Yates dans Harry Potter et les reliques de la mort de David Yates (2010)

Son rôle : Il ne manquait plus que lui (tous les seconds rôles anglais étant passés faire un tour à Poudlard). Nighy récupère le rôle de Rufus Scrimgeour, ministre de la magie et homme d'action passé politicien. Il le joue comme un vieux lion blessé (crinière et rugissements de rigueur) et marque le film avec son monologue d'intro impressionnant, retrouvant la puissance des grands orateurs (Churchill en tête) et montrant dès le début des failles qui vont donner de la profondeur à un personnage qui aurait pu être monolithique. Très grande classe.

Le film qui... de Bill Nighy

Bill Nighy dans Indian Palace et sa suite de John Madden (2012, 2015)

Son rôle : Douglas, un retraité effacé qui va retrouver l'amour et la joie de vivre lors d'un drôle de voyage indien. Ses errances mystérieuses, son caractère effacé apportent de la nuances et de l'étrangeté à ce film choral, contrebalançant l'assurance de Tom Wilkinson ou celle de Dame Judi Dench (qui conduit le récit). Avec ses attitudes de Dutronc déjanté, victime pas si faible, il donne de la subtilité à un personnage plus compliqué qu'il n'y paraît.

Indian Palace de John Madden<strong>Son rôle : </strong>Douglas, un retraité effacé qui va retrouver l'amour et la joie de vivre lors d'un drôle de voyage indien. Ses errances mystérieuses, son caractère effacé apportent de la nuances et de l'étrangeté à ce film choral, contrebalançant l?assurance de Tom Wilkinson ou celle de Dame Judi Dench (qui conduit le récit). Avec ses attitudes de Dutronc déjanté, victime pas si faible, il donne de la subtilité à un personnage plus compliqué qu'il n'y paraît.

L'acteur revient ce soir sur M6, dans Love Actually.