-
Gordon Gekko is back ! Après 23ans d’absence, on aurait aimé un retour tonitruant. On se contentera de retrouver un Michael Douglas en petite forme face à la nouvelle génération prometteuse représentée par Carey Mulligan et Shia Labeouf - très bons ici. Oliver Stone n’arrive pas à donner un vrai relief au film se perdant entre une histoire d’amour et des relations père/fille et mentor/élève chaotiques. En bref, c’est mou surtout, pour la jungle de Wall Street qui aurait mérité - surtout ces temps-ci - une charge au vitriol comme sait les faire le père Stone. Même si on garde un certain plaisir à découvrir cette suite, on se dit au final que, 23 ans, c’était peut-être un peu trop long…
-
S’il est difficile de reprocher à Stone son cynisme, on peut déplorer sa résignation impuissante et l’indifférence avec laquelle il réduit ses personnages à l’état de marionnettes. Seule exception, Gordon Gekko, qui tire les ficelles et s’en sort gagnant. Dommage car le début était prometteur : belle photo de Rodrigo Prieto, bonne musique de David Byrne et distribution avisée, particulièrement Josh Brolin, qui pourrait être un des meilleurs acteurs du moment s’il n’acceptait toujours ce même rôle de dur qui s’effrite à la fin.
Toutes les critiques de Wall Street - L'argent ne dort jamais
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Avec ses envolées de montage sous acide et dynamique, Wall Street 2 perpétue ce goût pour l'image propre au cinéma d'Oliver Stone. Le film est inévitablement boursouflé et baroque, parfois suicidaire dans son illustration d'un univers où temps et espaces sont reconfigurés par la virtualité de l'argent et la technologie. Mais il est comme Stone d'une franchise constante, déjouant par une indéboulonnable sincérité le cynisme d'un monde qu'il observe sans le trainer dans la boue. Informatif mais sans grande profondeur, le film vaut pour cette vision d'ensemble, plutôt sa tentative, refusant de coller à un simple bilan rationnel et journalistique. Cherchant ailleurs, au-delà, dans la fiction, quitte à faire des parallèles brouillons, pour mettre en scène à la hauteur d'un mythe la puissance de Wall Street et ceux qui la fabriquent. Mais la force du film tient aussi dans la clé qu'il donne au détour du dialogue final de Michael Douglas : « nous sommes multiples ». La sentence est à plusieurs niveaux, pour le personnage cherchant le pardon auprès de sa fille (amoureuse de Shia LaBeouf, tout communique) ; comme synthèse d'un monde où les mathématiques dominent ; et surtout comme paradigme du cinéma de Stone, éternellement démocratique et obsédé par le divers.
-
Le plus : L’élégance de la réalisation, la démesure absurde du monde de la haute finance où les milliards disparaissent aussi brutalement qu’ils sont venus, tandis que se vident les comptes et les lofts. Le couple de nouveaux venus Mulligan/ LaBeouf, qui donne de la vivacité à un ensemble qui pourrait être parfois un peu pesant. L’apparition clin d’œil de Charlie Sheen, le pigeon marabouté par Gekko du premier Wall Street.
Le moins : Une intrigue au final bien moins complexe qu’on ne pouvait l’espérer, des situations et un dénouement assez attendus, dont un happy ending un peu agaçant. L’ensemble verse parfois dans les clichés obligés sur les traders (la belle russe, le bling et le champ’, la bagouse multi-carats pour les fiançailles). -
Oliver stone concocte un plat un peu réchauffé qui émousse l’effet de surprise. Michael Douglas en fait des tonnes, mais le spectacle demeure plaisant.
-
Comme il y a vingt-trois ans dans Wall Street, Oliver Stone tricote avec cette suite un film de vrai divertissement, mêlant habilement thriller financier et saga familiale. S’il livre une analyse simple – et donc intelligible pour les non-initiés – des rouages complexes de la machine bancaire, le cinéaste s’intéresse surtout aux gens qui travaillent à Wall Street. S’il traite le fond avec sérieux, il s’amuse avec la forme. Il s’offre quelques effets ludiques de caméra (comme les split screens, la courbe de la Bourse qui suit les buildings de Manhattan), nous sert quelques phrases drôles et déjà cultes, montre jusqu’à l’écœurement les signes extérieurs de richesse, distille des clins d’œil amusants, avec notamment les retrouvailles des deux héros de 1987, Charlie Sheen et Michael Douglas.
Si le temps a blanchi les cheveux du comédien et creusé des rides, il n’a en rien atténué son charisme. Capable de jouer l’arrogance aussi bien que les larmes, Michael Douglas, magistral, en impose et noie à merveille le poisson: bon ou méchant?
-
Le millésime 2010 lui [Michael Douglas] doit encore beaucoup, mais ne tient pas la comparaison. Cette fois, c'est le mélo qui l'emporte sur la dénonciation des turpitudes financières, qui sont ici reléguées au rang de folklore classieux.
-
Vingt-trois ans après « Wall Street », le cynisme assumé de Gekko s’est patiné comme un vieux billet vert froissé, et on prend beaucoup de plaisir à retrouver l’impeccable Michael Douglas dans le rôle. En revanche, la démonstration d’Oliver Stone sur les ravages de la spéculation génère vite quelques absences. A moins d’être breveté en CAC 40, mieux vaut bien s’accrocher.
-
Wall Street, l'argent ne dort jamais recèle des scènes salubres qui montrent ce qui s'est passé récemment dans la finance, de l'inflation des organismes de crédit aux pertes d'emplois des courtiers. Il dénonce le trafic des subprimes et le naufrage moral de citoyens qui ont remplacé leurs idéaux par l'obsession suicidaire du gain.
La mise en scène s'y montre parfois inventive, comme lors de la discussion dans le métro entre Gekko l'insaisissable et Jake l'arriviste, avec flash-back sur le dirigeant ruiné se jetant sous une rame.
Malheureusement, cette satire incisive des mœurs des banquiers semble servir de monnaie d'échange. Stone fait un investissement douteux sur les histoires de famille, et clôt sur un larmoyant happy end. Il y a trop de racolages sentimentaux, de symboles naïfs (la course à moto entre James le cynique et Jake l'incorruptible !).
L'interprétation illustre, sans trop le vouloir, l'inégalité des chances. Sur le marché des acteurs, le vieil Eli Wallach (extraordinaire numéro en banquier venimeux) rafle la mise, et l'insignifiante Carey Mulligan inspire peu de crédit. -
(...) Wall Street 2 : L'argent ne dort jamais, kouglof oliver-stonien de la pire espèce. Le film n'a pas les vertus narratives, la montée dramatique et le suspense de l'épisode 1. Il est dialogué de façon ahurissante – « on dirait un singe sur le fil d'un rasoir », dit un personnage d'un autre, n'hésitez pas à me retraduire. Et, à part un épisode qui évoque vaguement la chute de Lehman Brothers, Wall Street 2 ne tire aucun parti scénaristique du krach de l'automne 2008.
-
La première partie du film est excitante, la deuxième prévisible, c’est dommage. Dans son ambition de peindre un portrait mordant de l’Amérique ("Platoon, "JFK", "Nixon", "W"), Stone perd de vue que la concision est toujours payante. Le film, malgré tout, touche juste.
-
On se fiche de l’histoire boursière, sorte de Le Bon, la Brute et le Truand (avec la musique de Morricone en sonnerie de portable et l’exhibition d’Eli Wallach) où Douglas cumulerait les rôles, rédemption oblige. Les dents longues de Gekko s’émoussant jusque dans une scène finale déplacée et digne d’une comédie romantique, l’intérêt du film est à chercher dans sa veine familiale : l’ombre du clan Douglas est partout – une photo de Kirk dans un salon d’essayage, les déboires du fils dealer de Michael en filigrane. Et quelque chose de poignant, de résigné quant à l’héritage que l’on porte, s’y noue par intermittence.
A ce titre, le casting est sans reproche : le juvénile Shia LaBeouf est idéal en gendre de Gekko, et le fils qui fait oublier son père James, c’est Josh Brolin. On le pensait meilleur avec moustache fournie (No Country for Old Men, Planète Terreur), il est impeccable en salaud imberbe et intériorisé, ici et bientôt chez Woody Allen (Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu). -
Dans L'argent ne dort jamais, la crise n'est pas que financière. Oliver Stone délivre un film daté, la faute à une réalisation paresseuse et une sortie en salle trop éloignée du krach de 2008. Michael Douglas passant devant les ruines des tours jumelles, Susan Sarandon en agent immobilier à la dérive face à l'explosion des subprimes... Stone ne fait pas dans le léger. Quant aux discours interminables des magnats sur le pourquoi du comment l'économie mondiale s'est pété la binette, ça donne quelque chose comme ça : "La puissance subatomique du dollar multipliée par les spéculations sur la valeur ajoutée de la racine carré du CAC 40 = hausse du taux de suicide des boursicoteurs." Notre taux d'intérêt, lui, vient de s'effondrer net. Au chapitre de l'humain, la confrontation entre Michael Douglas et Shia LaBeouf manque d'intensité et d'enjeux. La manipulation est trop évidente. Gekko est un incurable salaud. Ensemble, face à l'adversité, seuls Shia LaBeouf et Carey Mulligan parviennent à échapper à la chute libre. Celle de Wall Street 2 se fera sans parachute doré.
-
Avec la crise, on croyait que Stone redoublerait de férocité à l'égard des financiers. C'est tout le contraire : l'épilogue est affligeant.