I P 5 , L'ILE AUX PACHYDERMES ; IP5 (1991)
PRODUCTION / CARGO FILMS / GAUMONT

Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard, rend hommage ce soir sur France 5 à Jean- Jacques Beineix avec ce film qui offrait son ultime rôle à Yves Montand

Le film préféré de son auteur

Sorti voilà pile 30 ans, IP5 : L’Île aux pachydermes met en scène la rencontre bouleversante – suite à un vol de voiture - entre deux mondes que tout oppose : deux rappeurs en rupture de ban et un vieil homme solitaire qui parcourt la France avec un sac à dos contenant un vieux Luger chargé de deux balles. Le cinéaste, disparu le 13 janvier dernier à 75 ans, a souvent déclaré qu’il était son préféré parmi les six qu’il a réalisés. Sans doute en grande partie car il a pu y diriger Yves Montand, « un personnage mythologique qui fait partie de mon enfance et de la vie de mes grands- parents » - comme il le déclarait à Première en juin 1992 – et dont il avait vu tous les films sans exception. Montand vers qui il a osé aller car, dans plusieurs interviews, ce dernier lui avait fait plusieurs appels du pied. « Quand Montand lit le scénario, il voit que le personnage est formidablement valorisant mais à condition de jouer le jeu. Alors, il est allé jusqu’au bout, c’est-à-dire montrer avec dignité ce qu’est un vieil homme. Et ça, c’est bouleversant. On a tous pleuré aux rushes. » Comme son personnage, Yves Montand a succombé à un infarctus du myocarde sur le plateau. Il avait 70 ans. Et Beineix a dû alors affronter une polémique violente qui a forcément abîmé la sortie du film en salles.

JEAN- JACQUES BEINEIX: MORT D'UN INDOCILE

La révélation Olivier Martinez

Face à Yves Montand, on retrouve deux débutants. Le petit Sekkou Sall qui ne réapparaîtra par la suite que dans un seul film – Elisa de Jean Becker avec Vanessa Paradis – et Olivier Martinez. C’est au Conservatoire de Beineix avait repéré ce dernier, apparu jusque là uniquement le temps de quelques scènes dans Plein fer de Josée Dayan, deux ans plus tôt. IP5 va changer son destin. Car son rôle lui vaudra sa première nomination au César du meilleur espoir masculin, remporté cette année- là par Emmanuel Salinger pour La Sentinelle d’Arnaud Desplechin. Prix qu’il remportera l’année suivante pour Un, deux, trois, soleil de Bertrand Blier face à Guillaume Depardieu (Cible émouvante), Mathieu Kassovitz (Métisse) ou encore Melvil Poupaud (Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel). Avant de tenir le rôle central en 95 du Hussard sur le toit de Jean- Paul Rappeneau.

Beineix- Yared, troisième et dernière

C’est après l’avoir vu diriger dans Le Grand Echiquier quelques extraits de la musique de Sauve qui peut (la vie) de Jean- Luc Godard et de Malevil de Christian de Chalonge, deux de ses premières BO, que Jean- Jacques Beineix a contacté Gabriel Yared. Les deux hommes collaborent dans la foulée pour La Lune dans le caniveau et se retrouvent pour 37°2 le matin, BO nourrie de leurs passions communes pour Marvin Gaye, les Beatles et la musique brésilienne. Un travail récompensé par une nomination au César où Yared avait dû s’incliner face à Herbie Hancock pour le Autour de minuit de Bertrand Tavernier. IP 5 marquera leur troisième et ultime collaboration. Mais contrairement à leurs deux premières expériences communes, Yared ne travaille sur la musique qu’une fois le film terminé et non en amont à partir du scénario. Et sa BO accompagne le mélange des races, des origines et des générations que célèbre le film, en faisant cohabiter rap, country, musique tyrolienne, airs de bal, symphonies classiques et chants arabes


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