Le Voyage de Shuna
Sarbacane

Entre Nausicaä de la vallée du vent et Princesse Mononoké, ce concentré flamboyant de l’imaginaire miyazakien est enfin traduit.

Jeux de miroirs, couloirs du temps : aujourd’hui le héros du Garçon et le héron (qui cartonne actuellement en salles) explore un monde parallèle où il croise des figures de son passé, et il y a 40 ans sortait au Japon Le Voyage de Shuna. Quelque part la BD et le storyboard, le livre d’Hayao Miyazaki arrive enfin en langue française aux éditions Sarbacane. Shuna, le prince d’un petit village isolé, s’aventure dans le monde extérieur pour trouver les graines d’une céréale qui sauvera peut-être son peuple de la famine. "Ces évènements ont pu se dérouler il y a fort longtemps. Ou bien allaient-ils se produire dans un lointain futur ? Plus personne ne le sait vraiment."

Ce que l’on sait, c’est que le récit s’inspire d’un conte tibétain, comme l’explique Miyazaki dans une note datant de la parution japonaise de l’ouvrage (mai 1983), qu’il voulait adapter en film d’animation. Le film ne s’est pas fait "dans le climat actuel du Japon", écrit-il. La postface, signée du journaliste Alex Dudok de Wit, vous apprendra tout ce qu’il y a à savoir sur le making of du Voyage de Shuna, initié après Le Château de Cagliostro (1979), en parallèle du manga (et donc du film) Nausicaä de la vallée du vent. Avant la fondation de Ghibli, donc.

Le Voyage de Shuna couverture
Sarbacane
Le Garçon et le héron: Le retour gagnant de Miyazaki [critique]

Entre le post-apo sauvage (on se bat au fusil dans les ruines d’une Asie centrale sauvage) et la mystique écolo radicale, pas de doute : on est complètement, totalement chez Miyazaki. Le Voyage de Shuya est un véritable concentré de son imaginaire des années 70-80, aussi flamboyant que stimulant. Si jamais Le Garçon et le héron vous a semblé être l’oeuvre d’un vieux grincheux, sachez que Le Voyage de Shuya parvient même à parler de l’artiste en vieil homme : l’héroïne Théa, recueillie par une vieille dame "acariâtre mais pas mauvaise", se rassure en se disant qu’elle "savait bien que les personnes âgées malheureuses étaient souvent grincheuses". Ça fait peut-être quarante ans que Miyazaki est une personne âgée malheureuse.

Le Voyage de Shuna, Hayao Miyazaki, traduit par Léopold Dahan, Editions Sarbacane, 25 euros