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Texas, 1969. Retour sur les origines de Leatherface et de sa famille de dégénérés cannibales aux prises avec leurs premières victimes, quatre jeunes s’offrant une dernière virée avant d’être envoyés au Vietnam. Ce prequel du remake (ça devient technique) était censé développer la mythologie entourant le tueur à la tronçonneuse... Plus soucieuse d’enrichir son compte bancaire, l’équipe du film se contente de décalquer l’épisode précédent, la folie en moins, l’ennui en plus (pas évident de tourner un film avec son portefeuille, cela dit...) Un massacre donc.
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- Fluctuat
A quoi bon, est-on tenté de dire devant ce remake du remake de Massacre à la tronçonneuse, qui ne fait même pas semblant de s'intéresser à son sous-titre. Une vaine tentative de reproduire du sens en actualisant son discours au fil d'un mimétisme formel pop finalement plus inutile et ennuyeux que curieux.
- Exprimez-vous sur le forum Massacre à la tronçonneuseLe commencement, les origines ? Oui, c'est dans l'air du temps, on veut savoir d'où ça vient. Manie d'historien, obsession généalogique, culte de la mémoire ? Plutôt opportunité de presser à fond le truc jusqu'à ce qu'on en ait tellement marre que les recettes plongent et le public sature. On nous avait déjà fait le coup avec les suites, les fils ou filles de machin, rien de neuf. Après les remakes en pagaille du cinéma d'horreur, voici donc le remake du remake (faussement déclaré), de Massacre à la tronçonneuse, toujours produit par notre ami artificier Michael Bay, associé pour ce «commencement» au boss, Tobe Hooper. Pourquoi pas, après tout le remake de [people rec="0"]Marcus Niespel[/people], à défaut d'être un bon film nous montrait au moins, malgré lui, le chemin parcouru dans l'imagerie du cinéma d'horreur, sorte de synthèse/symptôme du genre traversé de mille influences.C'est donc reparti pour le Texas et ses bouseux consanguins toujours aussi dégénérés. Bien sûr comme la question du «commencement» n'intéresse personne, ni Jonathan Liebesman (le réalisateur qu'on oubliera vite), ni le scénariste, les producteurs et encore moins le public, le film élude rapidement ses fameuses origines. Ainsi on apprend en vingt minutes à peine que Leatherface est né difforme dans un abattoir et fût adopté par une famille de redneck tarés. Qu'adulte, il travailla dans le même abattoir où lorsqu'il se fait virer pour licenciement économique il pète les plombs, tue son employeur, et pique une tronçonneuse (exemple à ne pas suivre). Et enfin que son père adoptif, pour le protéger, tue le shérif et lui vole ses fringues. Voilà pour l'histoire, pur prétexte à revenir encore sur un strict projet formel dont il s'agit de reproduire presque à la lettre chaque scène (la poursuite dans les bois, le repas de famille).Mais derrière le projet pop (reproduire fidèlement l'oeuvre, comme si en soi elle était indépassable et qu'on devait toujours y revenir), ce «commencement» essaie de nous vendre du sujet qui à sa manière reprendrait les fonctions symboliques du film d'Hooper. Ainsi du contexte du film à la fin des années soixante, qui en plein Vietnam, tente de raconter l'histoire de deux frères, dont l'un cherche à embarquer l'autre sous les drapeaux alors qu'il tente de fuir le carnage. Du Vietnam à l'Irak et ses scènes de violences contaminant l'imaginaire collectif, se développe alors un parallèle matérialisé dans les différentes séquences de tortures pratiquées par le père. Discours et critique se mêlant à renfort d'évocations patriotiques ou militaristes comme si le film cherchait à s'acheter une légitimité, que le simple fait du remake ne suffisait pas, qu'aujourd'hui il fallait retrouver du sens, s'actualiser. D'une boucherie à l'autre, le cinéma en trait d'union, ou la vaine tentative de réinjecter du politique.Ce Massacre à la tronçonneuse fait donc un peu pitié. S'il assure la pérennité du Hooper, il en démontre aussi la caricature possible. Ses faux partis pris, aussi bien visuels que sa trompeuse portée subversive, rappellent la difficulté (l'impossibilité ?) de toute reproduction du sens dans le genre. Mimer ce cinéma des années soixante-dix et son réalisme, ses discours, son automatisme du déchargement et de l'acharnement, son état pubère (et non pas adulte, comme certains le croient), à partir des mêmes schémas, aurait même de quoi inquiéter. Cette tentation désespérée d'évoquer le réel et l'horreur en découpant bimbos et playboys (encore plus caricaturaux que chez Niespel), montrant aussi une pathétique volonté de jouer sur un double terrain de séduction du public, pris en tenaille entre cynisme et projection biaisée de son inconscient. C'est certain, du cinéma il ne reste plus rien dans ce Massacre à la tronçonneuse, sauf beaucoup d'agacement, d'ennui, un vrai concert de bâillements.Massacre à la tronçonneuse : le commencement
Réalisé par Jonathan Liebesman
Avec Jordana Brewster, R. Lee Emey, Andrew Bryniarski
Sortie en salles le 7 février 2007[Illustrations : © Metropolitan FilmExport]
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- Lire aussi la chronique du Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel
- Voir les fils sorties en salles et horreur sur le blog cinémaLe JDDpar Danielle AttaliCe prologue a l'ambition de retracer la genèse du mythe. On n'y trouvera qu'un prétexte commercial à aligner des scènes gore à la limite de l'écoeurement. Les dialogues caricaturaux désamorcent la peur. Pis, l'ennui s'installe, un comble pour un film d'horreur.