Junji Kinoshita

Junji Kinoshita est né à Tokyo le 2 août 1914, soit deux mois après la déclaration de la Première Guerre mondiale A l’université impériale de Tokyo, Junji Kinoshita étudie la littérature anglaise et montre un grand intérêt pour le théâtre de Shakespeare. Il deviendra même plus tard le traducteur en japonais des écrits de son auteur fétiche.A l’obtention de son diplôme, il se lance dans l’écriture de sa première pièce Furo (Vents et Vagues), qui traite de la restauration de Meiji de 1868.Tout au long de la guerre, Kinoshita s’inspire des contes populaires pour écrire un grand nombre de livres notamment Yûzuru, l’Oiseau du Crépuscule (1937) qui est considéré comme l’une des pièces les plus importantes de l’après-guerre. Il s'agit d'un conte fantastique, dans l’art et le folklore japonais, sur l’amour, la confiance et l’argent. Un homme, Yohyô, est pris entre le désir de s’enrichir et la promesse de ne pas trahir son épouse Tsû. L’histoire charme tout le Japon et la pièce est un énorme succès. Pendant près d’une dizaine d’années, les représentations théâtrales se sont succédées avant que la pièce ne soit reprise au kabuki, au nô ou encore à l’opéra. Ainsi, elle a été jouée, depuis sa création, un nombre incalculable de fois notamment par l’actrice Yamamoto Yasue. Un acteur français, Olivier Breitman, formé aux techniques du théâtre japonais, y a également tenu le rôle principal de la femme qui, au crépuscule, se transforme en grue. Junji Kinoshita reprend, plus tard, un thème déjà traité dans Furo, celui de la politique avec une vision critique de la responsabilité de l’Homme dans la guerre.C’est en s’inspirant de l’histoire et du théâtre de la vie qu’il écrit plusieurs pièces notamment Tsuru nyobo en 1943, Yamanami en 1949, Le Japonais appelé Otto en 1962 ou encore La Fête de Shigosen en 1978. Il est également, pour n’en citer que quelques uns, l’auteur de L'Ascension d'une grenouille (1951), Le Temps de l'hiver (1964), Entre Dieu et l'homme (1972) et Le Sacré du méridien (1978). Junji Kinoshita est l’un des rares dramaturges japonais à avoir su mélanger traditions et théâtre moderne. Son génie, qu’il puise dans sa culture, son parler dialectal et même son analyse du chaos dans lequel a sombré le monde pendant les grandes guerres, l’a amené à se dépasser et à se renouveler en explorant de nouvelles formes d’expression. Junji Kinoshita décède à l’âge de quatre-vingt douze ans à Tokyo, en laissant derrière lui un répertoire fort important qui revisite les contes d’hier tout en racontant les histoires d’aujourd’hui et où tout se mêle d’une manière remarquablement poétique.