Simone Biles : Rising, la revanche de l’ange déchu
Netflix

Avant d’être sacrée reine de Paris 2024 en gymnastique artistique, Simone Biles se dévoilait dans un documentaire Netflix touchant.

Dix jours avant l’ouverture des hostilités des JO, Netflix sort en catimini un documentaire façon diptyque dans l’air du temps olympique : Le Nouvel essor de Simone Biles, ou Simone Biles : Rising en VO. L'opportunité pour la gymnaste de vingt-sept ans de revenir sur le fiasco de Tokyo 2020, jeux covidés en plein milieu desquels, grande favorite, elle avait pourtant abandonné la course aux médailles.

Documentaire résolument moderne signé Katie Walsh, Simone Biles : Rising creuse les méninges de l’athlète, qui accepte ainsi d’ouvrir les portes de son “placard interdit”. Le corps, le physique si particulier de ce petit bout de femme (1,42 m de muscles) est ainsi relégué au second plan, transformant l'adage en "un esprit sain POUR un corps sain".

Si le premier épisode de cette mini-série se consacre à son iconographie d’athlète, à ses performances, à ses déceptions, et aux fameux “twisties” – ce mal que redoutent les professionnels car il peut leur faire oublier toute notion de l’espace –, le second volet découvre Simone Biles, la femme. Celle qui aime le chocolat, qui, un brin tyrannique, cherche à protéger sa petite sœur de leurs mésaventures familiales, qui se fait la cheerleader en chef de son footballeur de mari, ou encore qui se fait toujours coiffer par sa maman.

Simone Biles : Rising, la revanche de l’ange déchu
Netflix

Une plongée dans la vie (ou devrait-on dire les vies) de Simone Biles qui n’omet pourtant pas de l’inscrire dans l’histoire d’un sport, et même dans l’Histoire tout court. Coach, collègues, mentors et role models de Simone Biles se succèdent, chacun se faisant conteur, chroniqueur d’un parcours atypique, et profondément ancré dans des problématiques actuelles : le sexisme, le racisme, les violences sexuelles à l’ère du #MeToo sportif, la santé mentale. Une parole libérée, décomplexée, mais jamais victimisante, soutenue par des images d’archives jalonnées de toutes celles qui lui ont ouvert la voie en bien, mais aussi en moins bien : Kerri Strug, Gabrielle Douglas, Aly Raisman, Dominique Dawes, ou encore Betty Okino.

Simone Biles : Rising n’échappe par à l’écueil de l’hagiographie, mais on lui pardonne volontiers. Sa forme est érigée à la gloire d’une GOAT (Greatest Of All Times) qui a dégringolé de son petit nuage doré pour, battante, tout recommencer à zéro. Une sorte de self-made-woman, symbole d’une Amérique de la marge (car noire), mais diligente, en somme. Pourtant, l’humilité de ce récit tient en la décortication de ce chemin de gloire : rien n’est donné, tout est acquis auprès de l’effort, du dur labeur. Dépeinte comme une déesse par les média, Biles "veut simplement être humaine".

On se laisse prendre à ce jeu de décryptage intimiste, dont la fin abrupte – à peine le recommencement débuté – surprend. Moins, néanmoins, lorsque l’on sait que deux épisodes supplémentaires de Simone Biles : Rising sont en préparation. Conclusion de cette chronique documentaire, ils reviendront sur un événement dont on connaît l’issue : cette remontada rédemptrice de Paris 2024, que la gymnaste termine le cou alourdi de trois médailles d’or et d’une d’argent, mais aussi d’un pendentif en forme de chèvre... ou de “goat” en anglais.

Le Nouvel Essor de Simone Biles de Katie Walsh. Avec Simone Biles. 2 épisodes de 55 minutes. Disponible sur Netflix.

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