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par Frédéric Foubert
Toutes les critiques de Lynch/Oz
Les critiques de la Presse
« De l’influence du Magicien d’Oz sur l’œuvre de David Lynch ». Sur un sujet pareil, certains vous donneraient quatre heures avant de ramasser les copies. Le documentariste Alexandre O. Philippe, lui, préfère suggérer d’emblée qu’on a toute la nuit devant nous. Ou toute la vie, pourquoi pas. Révélé par The People vs. George Lucas, Philippe s’est depuis spécialisé dans les docus sur le cinéma qui refusent les formes cadenassés et professorales pour mieux privilégier les chemins de traverse analytiques, les digressions rêveuses, voire la logorrhée farfelue… Dans la foulée de l’excellent 78/52 (qui analysait de façon obsessionnelle la scène de la douche de Psychose), voici donc un film entier dédié à la passion jamais démentie du réalisateur de Lost Highway pour le classique Technicolor avec Judy Garland. S’y succèdent en voix off divers critiques et cinéastes (David Lowery, John Waters, Karyn Kusama…), invités à réfléchir, à divaguer, tandis que Philippe met ce flot de parole en perspective en accolant des extraits de films, provoquant de fascinants courts-circuits esthétiques ou théoriques : il y a ici du Oz et du Lynch, bien sûr, mais aussi Max et les Maximonstres, Indiscrétions, Le Cheval de fer, des vieux films noirs méconnus, quelques Kubrick, et puis aussi, tant qu’on y est, le Trois hommes et un bébé de Leonard Nimoy… C’est stimulant, fou, envoûtant, et ça nous dit que l’histoire du cinéma et l’analyse filmique peuvent être des activités aussi trippantes et transcendantes qu’une balade à Twin Peaks ou au-delà de l’arc en ciel.