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Signer une comédie politique nécessite finesse et doigté. Comment se moquer des jeux de pouvoirs florentins qui animent ceux qui nous gouvernent sans basculer dans la facilité du « tous pourris ? Pour son premier long, l’auteur de BD Mathieu Sapin se joue joyeusement de ces obstacles. D’abord parce que la politique il connaît ! On ne passe 200 jours dans les pas du candidat Hollande (Campagne présidentielle) et 365 autres dans les coulisses de l’Elysée (Le château) sans glaner une ribambelle de pépites propices à nourrir un scénario. Co- écrit avec Noé Debré (Le monde est à toi), celui- ci décrit l’irrésistible ascension d’un novice en politique qui intègre, par hasard, la campagne d’un candidat à la Présidentielle avant de gravir les échelons le conduisant au plus près du pouvoir suprême. Il y a tout à la fois du Baron Noir et du Quai d’Orsay dans ce Poulain : une maîtrise du sujet qui permet de faire naître des situations hilarantes. Mais Sapin parle surtout de cette quête universelle du pouvoir – commune à tous les milieux - et les dérives inhérentes qu’elle engendre. Et ce sans facilité manichéenne et avec une malice dans sa mise en scène où l’on perçoit la patte du BDiste. Sapin s’amuse sans le moindre esprit de chapelle. On le constate dans le choix de ses comédiens: d’Alexandra Lamy (à son meilleur) à Finnegan Oldfield en passant par Philippe Katherine ou Valérie Karsenti… Certains sont plus habitués au petit écran qu’au grand, d’autres à des registres plus dramatiques qu’à la comédie. Et Sapin mêle tout ce petit monde avec un regard neuf et inspiré.