Toutes les critiques de Kirikou et les bêtes sauvages

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Avec Kirikou, on le sait, la taille n'est pas proportionnelle à la qualité. Alors, si le petit bonhomme n'a pas pris un centimètre depuis sa confrontation avec la sorcière Karaba, il n'en a pas moins conservé tous ses attraits. Vif, touchant, drôle, intelligent : le nouveau film est à l'image de son mini-héros.
    Toujours petit, toujours vaillant, Kirikou est de retour. Toujours petit ? Eh oui, le minuscule héros n'a pas grandi d'un pouce depuis l'épisode précédent, et pour cause : afin de conserver l'intégrité du personnage, les concepteurs de l'histoire ont situé l'intrigue de Kirikou et les Bêtes sauvages à l'intérieur même du cercle temporel du premier film. Pas question de raconter les aventures du grand bonhomme qu'il devenait à la fin de Kirikou et la Sorcière : le deuxième opus préfère développer des événements passés sous silence par la première narration, mais qui prirent place à la même époque. Et cette suite, qui n'en est pas une donc, ne déçoit en rien. Fidèle à l'esprit du premier long métrage, Kirikou et les bêtes sauvages transforme définitivement l'essai.Esthétique Douanier Rousseau
    Décidément, Michel Ocelot, qui signe le scénario mais s'accompagne cette fois d'une co-réalisatrice en la personne de Bénédicte Galup, semble détenir la clef de la simplicité. Du côté de l'animation d'abord, aucune fioriture. Comme les traits, épurés, les mouvements vont à l'essentiel des personnages, avec dans les deux cas un sens très juste du geste comme de l'expression. Les décors s'étalent quant à eux depuis la case rudimentaire jusqu'au paysage de jungle le plus appliqué, mais jamais maniéré. L'esthétique évoque parfois celle du Douanier Rousseau, riche mais nette, diablement colorée. C'est sans doute l'une des plus belles réussites du film que ce travail des teintes, des brillances, des matières, dont le rendu est pétillant.
    Même sagesse dans l'écriture, qui ne s'égare pas vers le superflu. On retrouve le même contexte d'une Afrique « traditionnelle » préservée, où les croyances et la nature s'imbriquent. La description fidèle d'un mode de vie villageois, tout comme la caractérisation habilement appuyée des personnages principaux (le vieillard râleur un brin conservateur, la femme autoritaire, la mère douce et sensée), sont empreintes de la tendresse respectueuse qu'elles inspirent manifestement à l'auteur.Kirikou et les bêtes sauvages se compose d'une suite de courtes aventures où, comme le reste, l'irrésistible petit héros demeure égal à lui-même. Plein de bon sens, tenace, curieux, débrouillard, téméraire, volontaire, il continue d'ignorer le temps qui voudrait l'infantiliser, défie la peur et l'ignorance qui voudraient l'empêcher de raisonner. Qu'il soit poursuivi par une redoutable hyène ou apprenti potier confronté à un buffle aux cornes dorées, qu'il parcoure jungle et savane à dos de girafe ou se déguise en fétiche pour sauver les siens, le minuscule personnage nous entraîne à sa suite avec un plaisir sans cesse aiguisé. Au fil des vignettes, les chansonnettes à sa gloire gardent le même entrain, à mille lieues de la lourdeur d'interludes chantés façon Disney. Si bien qu'au final, Kirikou court toujours aussi vite... et nous aussi derrière, emballés par cette version chaleureuse de conte à l'africaine où la sorcière éclipse brillamment les fées.Kirikou et les bêtes sauvages
    Un film de Michel Ocelot et Bénédicte Galup
    France, 2004
    Durée : 1h15
    Avec Pierre-Ndoffé Sarr, Awa Sène Sarr, Robert Liensol...
    Sortie salles France : 7 décembre 2005[Illustrations : Kirikou et les bêtes sauvages
    . Photos © Gebeka Films]
    Sur Flu :
    - Manu vous en paraît déjà sur le blog "Martinez" (Cannes 2005)
    - Lire la chronique de Princes et princesses (Michel Ocelot, 1999)Sur le web :
    - Consultez salles et séances sur le site Allocine.fr