L'Inconnu du lac
Les Films du Losange

Il y a dix ans, Première avait eu un coup de coeur pour ce film avec Pierre Deladonchamps.

Une crique au bord d’un lac l’été. Un lieu de rencontres pour hommes et plus si affinités, derrière, dans le bois. Depuis que Franck y a croisé Michel, il le guette. Une fin d’après-midi, Franck, caché, aperçoit Michel en train de noyer son amant dans le lac. Le lendemain, Michel drague Franck qui, fasciné, n’arrive pas à résister.  

L'Inconnu du lac fête ses dix ans. A l'époque, Première avait eu un coup de coeur pour ce film (à revoir en VOD sur Première Max), et interviewé son créateur dans la foulée. Retrouvez ci-dessous notre critique, entrecoupée de liens sur sa fabrication.

Alain Guiraudie : "Le sujet de mon film n’est pas l’homosexualité mais l’histoire d’amour"

Qui aurait cru qu’Alain Guiraudie, réalisateur de contes libertaires rigolards dans le sud-ouest de la France, allait passer le Rhône pour tourner un thriller provençal sur le désir « fatal » ? Certes, L’inconnu du lac est un conte mais sérieux, en prise directe avec les peurs d’enfant : la terreur du noir - l’extraordinaire travail sur la lumière, exclusivement naturelle, donne lieu à des crépuscules entre chien et loup à vous brouiller la vue -, celle d’être abandonné, la trouille d’un monstre dans le lac mais aussi celle d’un loup dans le bois.

Le film nous replonge dans cet état d’enfance où l’excitation et l’angoisse se confondent pour ne plus former qu’une grosse boule quelque part entre la gorge et le ventre. Petit à petit, à force de rituels (l’arrivée dans le parking, le parcours sur le sentier, l’installation dans la crique, la discussion avec Henri, le petit tour dans le bois), la mise en scène impose un climat anxiogène, renforcé par une véritable scénographie de la plage. Mais chez Guiraudie, on ne se donne pas « d’air ». On peut être sérieux mais jamais grave.

Un thriller donc, oui. Mais drôle, au soleil et les couilles à l’air. Le cinéaste aveyronnais mélange mythologie et trivialité des corps nus qui glandent sur leur serviette. Michel, ce fantasme homo par excellence, serial-killer potentiel, sort autant de la cuisse de Poséidon que de la moustache de Magnum. Ce qu’il y a de bien chez Guiraudie, c’est ça : il y a peut-être un monstre tapi quelque part, mais en attendant, on bronze et on jouit.


De L'Inconnu du Lac à Mixte, Pierre Deladonchamps nous raconte sa carrière