Kris Kristofferson dans Une étoile est née
ABACA

D'Une étoile est née à Blade, retour sur quelques temps forts de la filmographie de l'acteur décédé à l'âge de 88 ans.

Il a plus marqué l'histoire de la musique country que celle du 7e art (trois Grammys contre un Golden Globe), mais il ne faut pas minimiser pour autant la carrière de Kris Kristofferson au cinéma. Elle était partie tambour battant, avant d'être fauchée en plein vol au début des années 1980 suite à un échec magnifique (on en reparle ci-dessous), puis de retrouver un second souffle, grâce notamment à Marvel, à la fin du XXe sièce. Et, mine de rien, son parcours a de la gueule. La preuve par cinq. 

Pat Garrett et Billy the Kid (1973)

Peckinpah poursuit son auscultation désenchantée du western avec cette élégie pour deux idoles de l’Ouest sauvage : Pat Garrett et Billy the Kid. Le premier est campé par le routard James Coburn, le second par Kris Kristofferson qui trouvait là un premier rôle à sa hauteur. Rythmé par la musique et la présence de Bob Dylan, le corps de Kristofferson cherche un endroit où survivre dignement. Beau et tragique à la fois, flamboyant et fatigué, Kris le Kid, vacille au ralenti. Kristofferson retrouvera le grand Sam pour Alfredo Garcia et Le convoi.

Pat garret et billy le kid
Metro-Goldwyn-Mayer

Une étoile est née (1976)

Entre Bradley Cooper et James Mason, il y a donc eu Kris Kristofferson. Une étoile est née n’en finit pas de renaître depuis 1937. La version seventies voit notre Kris chemise ouverte et crinière au vent, enrouler son corps d’athlète sur Barbra Streisand. Le duo roucoule tout en poussant la chansonnette. Car ici c’est le monde désenchanté de l’industrie musicale qui remplace celui du cinéma. Kristofferson reçoit un Golden Globe pour cette prestation qui alliait donc ses deux passions. Il a surtout eu la lourde charge de faire oublier dans l’esprit de Streisand, également productrice du film, son premier choix pour le rôle de la rockstar : Elvis Presley. 

Une étoile est née (Kris Kristofferson et Barbra Streisand)
Warner Bros.

La Porte du paradis (1980) 

Kristofferson restera pour l’éternité la star du plus beau flop de l’histoire du cinéma, La Porte du Paradis, qui coula un studio (United Artists), failli stopper net la carrière de son réalisateur, Michael Cimino, et entama sérieusement la cote de l’acteur à Hollywood. Il est pourtant impeccable dans la peau de l’énigmatique shérif James Averell, faisant chavirer le coeur d’Isabelle Huppert dans l’inoubliable valse d’Ella sur fond de Conquête de l'Ouest. Un chef-d’oeuvre maudit du western à déguster en version longue. 

La Porte du paradis (Isabelle Huppert et Kris Kristofferson)
United Artists

Lone Star (1996)

Dans ce western tortueux et par essence tardif, Sayles sonde comme il se doit la part sombre d’une Amérique qui aimerait se voir encore rayonnante. Résultat, dans tout ce clair-obscur c’est un cadavre qui incarne cette vitalité perdue. Kris Kristofferson, shérif de légende assassiné, ressuscite grâce aux flashbacks d’un film que la chanteur-crooner hante de sa présence qu’on avait tort de croire apaisante. Kristofferson n’a rien de l’ange doux à l’insolente décontraction. C’est ici un homme de loi rongé par le mal. Dernier grand rôle de K.K.

Lone Star
Sony Pictures

Blade (1998) et Blade 2 (2002)

Mentor du Diurnambule, le chasseur de vampires mi-homme mi-suceur incarné par Wesley Snipes, Abraham Whistler est son exact contraire : un vieux Blanc boiteux là où Blade est un Noir sexy et bastonneur. Un rôle idéal pour Kris, 62 ans, au crépuscule de sa carrière, plus « vieux cowboy au seuil de la mort » que jamais… sauf que la carton inespéré du film redonna un vrai coup de fouet à sa film (il enchaîna neuf films entre 98 et 99). A tel point que Guillermo Del Toro dut même le ressusciter pour Blade 2 quatre ans plus tard.

Blade (Kris Kristofferson et Wesley Snipes)
New Line Cinema

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