Portrait d’une femme prisonnière des affres de la dépression, dans la campagne autrichienne, vers 1750. Austère ? Oui, mais surtout très envoûtant.
Le bain du diable : le titre est celui d’un film d’horreur mais The Devil’s Bath, nouveau long du duo Veronika Franz-Severin Fiala (réalisateurs de Goodnight Mommy, qui ont aussi bossé avec Shyamalan sur la série Servant), ne relève pas tout à fait du genre horrifique. Pas au sens strict, du moins. Tout le film est néanmoins comme hanté, traversé d’images morbides, plongé dans une atmosphère lugubre, pesante et néo-bergmanienne, qui évoque un peu les ténèbres existentielles dans lequel baignait déjà The Witch de Robert Eggers. Ici aussi, comme chez Eggers, il s’agit de travailler à faire ressentir la réalité d’un univers lointain et disparu, un monde rude où les traditions et les superstitions donnaient au quotidien une teinte irréelle et menaçante.
Ce monde, c’est la Haute-Autriche du milieu du 18ème siècle, où la jeune Alice, peu de temps après son mariage, sombre dans les affres de la dépression et de la mélancolie – le « bain du diable », comme on disait alors. Le film, basé sur les recherches de l’historienne Kathy Stuart autour du phénomène du « suicide par procuration », est porté par une sorte de suspense ethnologique, révélant lentement les règles qui régissaient l’univers culturel et social de l’époque, explicitant peu à peu son énigmatique incipit : « N’en pouvant plus de vivre, j’ai décidé de commettre un meurtre ». Déroutant, original, assez obsédant, traversé par une entêtante impression de désolation, The Devil’s Bath confirme que lorsqu’on dit d’un film autrichien qu’il est « glaçant », c’est bien un pléonasme.
De Veronika Franz et Severin Fiala. Avec Anja Plaschg, David Scheid, Maria Hofstätter… Durée 2h01. Sortie le 2 octobre 2024
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