Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
FAST AND FURIOUS 9 ★☆☆☆☆
De Justin Lin
L’essentiel
Attendu comme le Messie du divertissement, le nouveau F&F manque cruellement de rigueur -mais oui- pour accomplir son destin de meilleur blockbuster estival de l'été 2021.
On l'attendait beaucoup, sans aucune ironie ni mesquinerie. Quoi de mal, après plus d'un an de pandémie à s'exciter à l'idée de s'installer dans un grand cinéma avec tout le pop corn que nous permettent les règles sanitaires pour voir la bande à Baboulinet ravager la planète en voitures tunées ? Au début, on est presque satisfaits : Fast & Furious 9 s'ouvre sur une séquence flash-back de course de stock car, shootée avec Le Mans 66 en guise de référence visuelle. De vraies tôles, de vraies flammes, un vrai feeling de cinéma charnel, physique (et métallique). Bonne idée. Après, retour au présent et les choses se gâtent. Fast & Furious 9 plante trois grosses scènes d'action beaucoup moins dingos que prévues, handicapées par une écriture manquant de rigueur. L'utilisation de recettes issues du soap opera n'arrange rien à l'affaire : Fast & Furious 9 n'est pas assez délirant pour qu'on lui pardonne ses délires, pas assez rigoureux et viscéral pour impressionner. La clim et le pop corn sont là, mais Fast & Furious 9 ne livre pas le plaisir annoncé.
Sylvestre Picard
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A ADORE
TITANE ★★★★☆
De Julia Ducournau
Grand retour cannois de la cinéaste française, cinq ans après Grave et son buzz planétaire. Avec Titane, Julia Ducournau vise cette fois la Palme sans rien perdre de la radicalité de son style. C’est l’histoire d’Alexia (la révélation Agathe Rousselle), une strip-teaseuse accidentée prise dans une folie meurtrière. Celle-ci va retrouver une forme d’apaisement (!) au contact d’un homme (Lindon bodybuildé) qui va l’accueillir comme son propre enfant disparu. Ducournau s’interroge à nouveau sur la façon dont il faut composer avec son propre corps pour s’imposer au monde. Titane est le récit d’une métamorphose perpétuelle tout en tôle froissée et épiderme tuméfié, c’est surtout l’un des chocs de ce cru 2021. Du Titane en or massif !
Thomas Baurez
Lire la critique en intégralitéBERGMAN ISLAND ★★★★☆
De Mia Hansen-Løve
Un couple de cinéastes, Chris et Tony (Tim Roth, dans un registre dépouillé où il excelle) qui s’installe pour écrire sur l’île de Fårö, où vécut Bergman… Avec son film le plus autobiographique, Mia Hansen-Løve n’a pas eu peur des obstacles : traiter d’un sujet possiblement excluant (on connaît la difficulté des films sur le cinéma à trouver leur public) et se confronter au maestro suédois. Mais son film fascine à l’inverse par l’incroyable limpidité de son récit mêlant la réalité de ce couple et la fiction du scénario écrit par Chris qui prend forme à l’écran. D’abord, parce qu’elle sait désacraliser – sans l’abîmer – la figure imposante de Bergman. Mais surtout parce qu’elle ne signe pas plus un film sur lui que sur le cinéma. Bergman Island est d’abord l’histoire d’une double émancipation. Celle d’une cinéaste, qui se vit comme totalement dépendante du père de son enfant. Et celle de son héroïne, hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. Il règne sur ce double récit la mélancolie de ces histoires terminées qui continuent pourtant à briller comme des étoiles mortes. Ce film a la grâce, celle de sa comédienne principale, l’éblouissante Vicky Krieps.
Thierry Cheze
Lire la critique en intégralitéDESIGNE COUPABLE ★★★★☆
De Kevin Macdonald
Un jeune Mauritanien est enlevé par le FBI, torturé et emprisonné à Guantanamo sans inculpation ni procès. Lorsque l’Etat américain décide de l’envoyer sur la chaise électrique, une avocate chevronnée, Nancy Hollander, choisit de prendre sa défense en main. Inspiré de l’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi, Désigné coupable est un thriller juridique à l’ancienne qui rappelle tous les classiques du genre. Mais le film de Kevin MacDonald dépasse le cadre du simple cinéma de dossier. Comme l’amitié entre le médecin naïf et le tyran africain du Dernier Roi d’Ecosse c’est la relation entre deux personnages que tout oppose qui intéresse l’écossais. L’apprivoisement progressif entre une avocate rationnelle et un détenu totalement perdu. Jodie Foster est fabuleuse, mais c’est Tahar Rahim qui impressionne. Il trouve son meilleur rôle depuis Un Prophète.
Gaël Golhen
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIMÉ
AINBO, PRINCESSE D'AMAZONIE ★★★☆☆
De Richard Claus et José Zelada
Devenu sujet à la mode, l'écologie sert de plus en plus souvent d'alibi de film en manque de consistance. Tout le contraire de ce long métrage d'animation inspiré à son co- réalisateur José Zelada par sa propre enfance au coeur de l'Amazonie. Que la défense du poumon de la Terre menacé depuis des années par le réchauffement climatique et la déforestation se retrouve au coeur de ce récit riche en péripéties n'a donc rien d'artificiel. Son héroïne de 13 ans, Ainbo (sorte de cousine de la Vaïna de Disney) y affronte coupeurs d'arbre et autres chercheurs d'or avec la complicité de deux guides spirituels aussi espiègles que gaffeurs (un tapir et un tatou). L'animation de belle facture, la façon de distiller des bribes de légendes amazoniennes dans un récit ludique en dépit de la réalité apocalyptique qu'il embrasse se révèle une jolie réussite. Le jeune public devrait s’y régaler
Thierry Cheze
PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
JOURNAL DE TÛOA ★★☆☆☆
De Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro
Vingt-deux jours à rebours dans la vie d’un film, où la fiction s’étiole peu à peu pour laisser entrer le réel du tournage. En temps de pandémie de Covid-19 (nous sommes ici à l’été 2020), les questions sanitaires se posent. Ainsi à mi-film, ce sont les masques posés sur le visage des techniciens qui viennent nous rappeler qu’en ces temps troubles, faire du cinéma, c’est aussi ça. Les cinéastes, Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro, sont vaguement là, laissant souvent les clefs du film à ses trois interprètes dubitatifs. La structure qui voit les séquences se présenter dans un ordre non chronologique implique une dramaturgie où « il n’y a rien à résoudre, explique Gomes à l’écran. C’est un film assez ouvert...» Tellement ouvert qu’il menace de ne plus l’être. Car un film, même réversible, reste prisonnier de ses extrémités. Il faudra prendre ce Journal, pour ce qu’il est, un document inédit sur une crise sanitaire et artistique.
Thomas Baurez
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE N'A PAS AIMÉ
HELMUT NEWTON: L'EFFRONTE ★☆☆☆☆
De Gero von Boehm
La vie et l'oeuvre du célèbre photographe Helmut Newton, disparu en 2004, voici ce que propose ce documentaire qui a hélas tendance à succomber dans tous les pièges du genre, à l'image du récent Pierre Cardin réalisé par P. David Ebersole et Todd Hughes. A commencer par un penchant naturel pour une hagiographie qui forcément n'embrasse qu'une partie de l'homme et de l'artiste. Gero van Boehm ne pratique certes pas la politique de l'autruche et évoque la manière dont les images de Newton jugées hier novatrices, rebelles et portées par un anti- puritanisme réjouissant sur la représentation des femmes peuvent être perçues différemment et pointées du doigt dans un monde post #Metoo. Cela aurait d'ailleurs sans doute presque mérité un film en soi... Mais il manque à ce documentaire des voix discordantes, plus rentre- dedans quj viendraient abîmer la mécanique lancinante du concert de louanges car celui- ci finit par gâcher ses moments forts, saisis sur le vif, notamment dans sa relation avec sa femme.
Thierry Cheze
Et aussi
Frères d'arme de Sylvain Labrosse
Mystère à Saint- Tropez de Nicolas Benamou
Sembène ! de Samba Gadjigo
Wolfy & Les Loups en délire, programme de courts métrages
Reprises
Buena Vista Social Club de Wim Wenders
L'Echine du diable de Guillermo del Toro
Le Mandat, d'Ousmane Sembene
Possession, d'Andrzej Zulawski
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