Illusions perdues
Roger Arpajou - Curiosa Films - Gaumont

Les deux films les plus nommés, Illusions perdues et Annette, ont trusté les prix, avec 12 statuettes à eux deux, faisant forcément quelques malheureux, Bac Nord en tête.

Décidément aux César, les absents semblent avoir toujours raison. Un an après le triomphe du Adieu les cons d’Albert Dupontel qui n’avait pas fait le déplacement, le grand vainqueur de cette édition 2022 a lui aussi séché la cérémonie. Mais après avoir battu le record de nominations de toute l’histoire de la cérémonie (15), Illusions perdues de Xavier Giannoli a tenu avec superbe son rang de favori avec la meilleure collecte de la soirée en termes de statuettes : 7, dont meilleur film, meilleur second rôle masculin pour Vincent Lacoste (enfin vainqueur au bout de 5 nominations depuis Les Beaux gosses) et meilleure révélation masculine pour Benjamin Voisin (qui avait dû s’incliner l’an passé pour Eté 85 face à Jean- Pascal Zadi avec Tout simplement noir). Et son dauphin en termes de nominations, Annette occupe aussi la deuxième place en nombre de César engrangés avec 5 statuettes, dont celle du meilleur réalisateur qui permet à Leos Carax de réaliser un doublé inédit avec son prix de la mise en scène cannois. Carax qui était toujours reparti bredouille y a été couronné pour la première fois mais lui aussi s’était fait porter pâle pour laisser sa directrice de la photo Caroline Champetier récupérer sa récompense

Hier soir à l’Olympia, les favoris ont donc tenu leur rang, à l’image des succès du Sommet des dieux en film d’animation et de La Panthère des neiges en documentaire. Et avec 12 récompenses à deux, Illusions perdues et Annette ont sévèrement fracassé la concurrence et par ricochet corrigé le sentiment, à l'annonce des nominations, que le cinéma français dans toute sa diversité – du plus populaire au plus auteur – était représenté aux César. Et ce même si certains ont fait de la résistance. Valérie Lemercier qui a remporté pour Aline le César de la meilleure actrice, son deuxième trophée 28 ans après son prix du second rôle pour Les Visiteurs. Arthur Harari qui s’impose en scénario avec Onoda. Anamaria Vartolomei qui sauve superbement l’honneur de L’Evénement dans la catégorie des révélations féminines qui était sans doute la plus relevée de toutes ou encore Aissatou Diallo Sagna, aide- soignante dans la « vraie vie » dont les premiers pas au cinéma dans La Fracture ont été salués par le prix du meilleur second rôle. Mais à ce petit jeu, il y a forcément des perdants, au premier rang desquels Bac Nord de Cédric Jimenez, Les Olympiades de Jacques Audiard ou encore Titane de Julia Ducournau qui repartent tous bredouille. On notera d’ailleurs que dans cette année cinéma trustée par deux victoires dans deux festivals majeurs, la Palme d’Or de Titane et le Lion d’Or de L’Evénement, leurs deux réalisatrices n’en ont pas recueilli leurs fruits auprès des votants.

LE PALMARES DES CESAR 2022: ILLUSIONS PERDUES ET ANNETTE TRIOMPHENT

Et dans ce contexte d’ultra- domination d’Illusions perdues et Annette, une victoire, sans doute l’un des moments les plus forts du palmarès, n’en prend que plus de relief. Celle de Benoît Magimel, seul nommé de l’équipe de De son vivant d’Emmanuelle Bercot. Déjà lauréat du César du second rôle pour La Tête haute de la même réalisatrice, il s’impose pour sa première nomination comme meilleur acteur face à Adam Driver, le héros d’Annette, qui avait pourtant fait le déplacement jusqu’à l’Olympia. Cette victoire n’en a été que plus belle dans une soirée où les surprises se sont faites rare. A deux autres exceptions près : la victoire des Magnétiques en premier long métrage face à La Panthère des neiges et Gagarine et celle de The Father en film étranger alors que la statuette paraissait promise à Drive my car ou Julie (en 12 chapitres). Ces deux- là auront une occasion de se rattraper dans un mois aux Oscars où ils se feront de nouveau face pour l’Oscar du film en langue étrangère.