Adapté du roman de l'écrivain israélien Eshkol Nevo, Moretti signe un drame choral sur la culpabilité et la famille, pesant et sans originalité.
Qu’est-ce qui ne marche pas dans ce film ? Passé un premier plan majestueux et intrigant sur une maison cossue de Rome : à peu près tout. Le film commence par un accident de voiture (filmé avec un j'menfoutisme hallucinant), une naissance et une mort. Manière pour Moretti de nous indiquer que ce Tre Piani parlera du cycle de la vie. De la famille aussi. Dans un immeuble de la banlieue romaine vivent en effet trois familles dont les destins vont s’entrelacer sur plus d’une dizaine d’années. Après que sa toute jeune fille a disparu quelques heures avec son vieux voisin, Lucio (Riccardo Scarmacio) s’inquiète. Pendant ce temps, sa voisine Monica (Alba Rohrwacher) qui vient d’accoucher s’enfonce dans une dépression post-partum. Enfin, au-dessus, un magistrat et sa femme (Nanni Moretti et Margherita Buy) voient leur relation avec leur fils voler en éclat…
Filmé comme une télénovela (lumière frontale, décors inexistants, comédiens désincarnés), Tre Piani ne parvient jamais à donner un peu d’ambiguité à ce récit ultra-schématique. C’est bien le problème : Moretti met en scène de la manière la plus didactique qui soit la lutte permanente entre les pulsions et les aspirations, les besoins et les devoirs, la loi et le désir de transgression. L’ennui c’est que l’incertitude, qui est au cœur de ces histoires, n’est jamais palpable à l’écran. Chaque récit est structuré autour d’un mystère, d’un non-dit ou d’un malentendu qui devrait créer du trouble. Mais la mise en scène si lourde, tellement massive et statique, ne parvient jamais à créer le moindre déréglement. Parce que Moretti ne transforme jamais cela en problématique de cinéma. On ne se demande jamais, par exemple, ce qui est arrivé à la petite fille dans le parc. On ne cherche pas plus à savoir pourquoi un frère revient chez son frangin qui le hait… Il reste quelques belles idées. Une femme qui se dissout progressivement à l’écran ; un père qui se braque et décide de ne plus adresser le moindre signe à son fils. Mais jamais exploitées, elles finissent par devenir un aveu d’impuissance…
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