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Le spin-off d’Angus MacLane est un Pixar désincarné, mais divertissant.

Buzz l'éclair sera présenté ce vendredi au Festival d'Annecy

Il y avait un souci dès le départ avec le film Buzz l’éclair. De quoi parlait ce spin-off de Toy Story ? Etait-ce une histoire centrée sur la figurine ? Ou bien celle du véritable héros qui l’a inspiré, comme on a pu le croire au début de la promo ? Non, la réponse, finalement assez simple, nous est donnée dans un carton précédant le long-métrage, que Disney a également partagé sur les réseaux sociaux : "En 1995, Andy a reçu un jouet de son film préféré. Voici ce film". 

D’entrée, Buzz l’éclair (Lightyear en VO) a donc besoin de justifier son existence. Il faut dire qu’on n’a pas souvenir d’avoir déjà vu une oeuvre dérivée aussi éloignée du matériel original. Le lien avec Toy Story est si ténu qu’on est bien au-delà de l’anecdote ou du détail, comme on peut le voir dans les séries Marvel ou Star Wars qui pullulent sur Disney Plus. Le personnage de Buzz n’est ici qu’un prétexte pour nous offrir un film animé d’aventure et de science-fiction, avec de l’action, du suspens, de l’humour, et même un baiser gay qui fait beaucoup parler et que Disney porte en étendard en ce mois des fiertés. 

Il ne s’agit donc pas du Buzz que l’on connait, mais du héros de cinéma qui lui a donné naissance. Ce Buzz n’a pas la même voix  (il est désormais doublé par Chris Evans en VO et François Civil en français), pas vraiment le même caractère, si ce n’est qu’il est aussi butor que sa version marionnette. Ah, et bien sûr il explore des mondes inconnus (vers l’infini et au-delà !) et parle de manière très solennelle à son journal de bord, ce qui lui vaut les moqueries de sa partenaire, Izzy Hawthorne. 

Si on met tout ça de côté, Buzz l’éclair est tout de même un film très divertissant, parfaitement animé, plein de séquences folles et de moments vraiment drôles (le chat-robot est génial, tout comme la mamie repris de justice doublée par Chantal Ladesou). Surtout la première moitié, la plus captivante, où le ranger de l’espace se retrouve coincé sur une planète hostile façon Alien après avoir loupé sa manoeuvre aux manettes d’un vaisseau spatial en forme de navet. Il n’a dès lors plus qu’une mission, ramener tout le monde à la maison. 

Les gens qui critiquent le baiser gay de Buzz l'éclair sont "des idiots", selon Chris Evans

Cette quête en deux temps est d’abord spectaculaire et visuellement brillante, entre Top Gun : Maverick, Interstellar et Star Wars, puis patine sérieusement quand notre héros se retrouve entouré d’une équipe de pieds nickelés face à Zurg, son grand ennemi de Toy Story 2, et son armée de robots. Une intrigue convenue et peu inspirée qui tranche malheureusement avec l’ambition de la première partie. 

Le film marque donc des points. Et on pourrait même le qualifier de réussite s’il ne fallait pas le juger, inévitablement, à l’aune de la saga Toy Story et du label Pixar, aussi émoussé soit-il. Buzz l’éclair n’est ni un film-concept épatant, comme le studio nous en a livrés à la pelle dans les années 90 et 2000 (Toy Story donc, mais aussi Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Wall-E, Là-haut… la liste est trop longue), ni une oeuvre personnelle, comme les récents Luca et Alerte Rouge. Des longs-métrages non dénués de défauts mais qui avaient moins le mérite de sortir des sentiers battus. 

Angus MacLane, touche à tout de Pixar crédité sur près de 20 projets maison (dont Le Monde de Dory), qui est à la réalisation et au scénario de Buzz, avait-il quelque chose de fort ou d'intime à raconter ? Visiblement pas, à part une jolie morale sur le sens de la vie, le temps qui passe et la futilité, voire la dangerosité de la fuite en avant (métaphore de notre monde au bord du chaos climatique ?). Un programme qui a conquis le petit Andy, et séduira sans doute les gamins du monde entier, mais qu’on ne peut s’empêcher de trouver un peu light (year).