Le comité de sélection iranien vient de rendre sa décision : c’est Le Passé d’Asghar Farhadi qui représentera l’Iran aux Oscars 2014. Un choix légitime puisque Farhadi a déjà remporté l’Oscar du Meilleur film étranger en 2012 avec le superbe Une séparation. Sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2013, Le Passé a valu à son actrice principale Bérénice Bejo la Palme de la Meilleure interprétation féminine et à son réalisateur le Prix du jury œcuménique. Notre critique du film était d'ailleurs élogieuse.

Mais voilà, ce choix fait grincer les dents des conservateurs iraniens. Qui estiment que Le Passé n’aurait pas dû représenter l’Iran, et ce pour deux raisons : primo, le sujet n’est pas convenable (le divorce compliqué d’un Iranien avec une Française), deuxio, le film n’est pas purement iranien puisque produit en France. D’après l’AFP, l’agence d’informations Fars (proche des conservateurs, ils avaient rajouté des vêtements à Michelle Obama lors de la cérémonie des Oscars 2013) déclare ainsi que "contrairement à Une séparation, il n'y a rien d'iranien dans ce film à part un personnage qui aurait pu venir de n'importe quel autre pays. Il aurait été préférable de sélectionner un film purement iranien comme Dar-Band qui aurait présenté une image plus réelle de l'Iran."

Sans vouloir trop donner raison à ces pères-la-pudeur qui décident de ce qui est "convenable" ou pas (on attend leur avis sur La Vie d’Adèle), il est de coutume de définir la nationalité d’un film par l’origine de ses fonds de production majoritaires. Produit par les frenchies de Memento Films, Le Passé est donc français. N’empêche, Farhadi reste iranien comme Ali Mosaffa, le héros de son film.

Comme le comité a déjà rendu son avis, il est de toutes façons trop tard et il semble très difficile aux conservateurs de déloger le film de la sélection officielle. Le Passé n’aurait pas pu concourir côté français, puisqu‘aux Oscars 2014, la France sera représentée par le film Renoir de Gilles Bourdos.