Rencontre avec Rosemary Myers, réalisatrice du délicat et onirique Fantastic Birthday.
Si Julia Ducourneau a marqué les esprits avec sa vision cannibale de l’adolescence, l’Australienne Rosemary Myers partage une vision tout aussi personnelle de cette période charnière dans son premier long métrage, Fantastic Birthday. Rencontre.
C'est votre premier film. D'où venez-vous ?
Je viens du théâtre : avec Matthew, le scénariste du film et Jonathon, le chef décorateur, on a mis en scène une trilogie de pièces qui traitent de l'adolescence. Fantastic Birthday est la version cinéma de la troisième pièce. La première s'appelle Fugitive et parle du mâle alpha, la deuxième s'intitule School Dance...
Pourquoi avoir choisi celle-là ?
En fait, quand nous avons monté Fantastic Birthday, nous savions que nous allions en faire un film et les deux versions - cinéma et théâtre - se sont complétées.
Le film doit énormément à Bethany Whitnore, qui joue Greta, l'héroïne perdue dans son monde intérieur. Elle jouait aussi dans la pièce ?
Non, l'actrice sur scène était beaucoup plus âgée. Mais quand on est passé au cinéma, on s'est dit qu'il fallait vraiment une actrice du même âge que le personnage. Bethany a dû passer le casting en décalé car on habitait de l'autre côté de l'Australie, et il y a du décalage horaire...
Pourquoi le film se passe-t-il dans les années 70 ? Par nostalgie ?
C'est la période pendant laquelle j'ai grandi, mais sachez que c'est un choix cohérent : Fugitive se passait dans les années 90 et School Dance dans les années 80. En termes de storytelling, se situer dans les années 70 ajoute du décalage. Et puis, c'est toute une esthétique qu'on adore : visuellement et musicalement. En plus, dans les années 70, le féminisme était très présent en Australie. La mère de Bethany représente la femme au foyer alors que sa grande sœur, rebelle, est fan de musique française donc exotique...
C'est amusant de vous entendre parler de la musique française comme "exotique".
Oui, le monde est tellement globalisé aujourd'hui qu'on n'a plus cette idée d'exotisme dans l'art. A part Serge Gainsbourg qui était mondialement connu, il y avait qui ? Dans le film, on a créé un faux chanteur français en s’inspirant de Jacques Dutronc. A l'époque, il était totalement inconnu en Australie. Il est connu en France, aujourd’hui ?
Un peu, oui.
D'accord, désolée. (rires)
En VO le film s'appelle Girl Asleep. Que pensez-vous du titre français du film, Fantastic Birthday ?
Je l'aime beaucoup. Il insiste sur l'anniversaire et tout tourne autour de ce moment, de ce rite de passage fantastique dans le sens de fantasme, de fantasmagorie, de séparation avec le réel... Et puis, le poster français est sublime. On a demandé à ce que le distributeur nous en envoie plusieurs. Dans l'équipe, tout le monde en veut un. Vous préférez quel titre, vous ?
J'aime bien Girl Asleep. On dirait un titre d'une petite chanson pop.
C'est vrai. C'est la sensation qu'on voulait provoquer. C'est un tout petit film, vous savez. C'est quand il a été sélectionné à Berlin qu'il a décollé.
Le film a été projeté en France lors de l'Etrange festival. C'est plutôt pour les films de genre, un peu bizarres, pas vraiment le glamour de Berlin.
Je trouve ça super intéressant de le voir sélectionné au milieu de films d'horreur. Ca change la perception qu'on peut en avoir, ça insiste sur le côté fantastique... Mais après tout c'est un film pour teenagers aussi. Comme un film d'horreur.
Comment avez-vous tourné le passage du rêve dans la forêt ?
Au début on était naïfs, on pensait qu'on allait tourner la scène dans une vraie forêt, la nuit. Mais c'était trop cher et trop compliqué. On a tout mis dans un studio, avec de grosses fausses souches en carton. Le résultat est meilleur : ça insiste sur le côté onirique de la scène. On voulait réutiliser un faux cheval en plastique, aussi, on ne l'a pas mis et c'est encore mieux. Au théâtre, c'est plus facile de faire des effets bricolés, d'emmener le public avec nous car il sait que tout est fait en direct, pour de faux, et il est plus indulgent. Ca fait très "Michel Gondry", non ? Son cinéma était une vraie inspiration pour nous...
C'est amusant parce que je voyais plus l'inspiration venir de Wes Anderson.
C'est vrai, la palette des couleurs choisie fait très Wes Anderson. Mais il n'y a pas qu'une composante visuelle : il y aussi une vision du monde très inspirante et positive dans ses films.
Pour finir, est-ce que vous allez tourner les deux autres volets de votre trilogie ?
Oui, on aimerait bien tourner en avril School Dance, qui se passe dans les années 80, donc.
Parce que la musique est meilleure dans les années 80 ?
Ahah, oui : on aimerait surtout avoir un budget plus élevé : dans Fantastic Brithday, on a dû enlever du Gainsbourg et du Donna Summer car c'était trop cher. On veut pouvoir se payer toutes les super chansons des années 80. School Dance se passe pendant un bal de fin d'année, il nous faut du Bronski Beat, du Duran Duran, du Devo.
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Bande-annonce de Fantastic Birthday :
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