A l'occasion de la sortie de Kóblic, retour sur le parcours du De Niro argentin.
Les Neuf reines (Fabián Bielinsky, 2000)
Marcos est un escroc des rues de Buenos Aires. Un pro, mais un prolo, un de ce qui savent carotter dix balles au bistrot sans payer leur café. A l'époque, Ricardo a déjà trente ans de carrière d'acteur derrière lui et il apporte à Marcos le poids de l'expérience et des ambitions mortes qui ne demandent qu'une étincelle (en l'occurrence, la promesse d'un dernier gros coup) pour se rallumer. C'est l'avant-dernier film du prometteur Bielinsky, qui mourut peu de temps après son film suivant, El Aura, encore avec Darín qui aurait pu/du devenir son double de cinéma.
Dans ses yeux (Juan José Campanella, 2009)
Le blockbuster épique de Campanella traverse 25 années d'histoire argentine et Ricardo se transforme définitivement en héros-type du cinéma local. Pas surhumain mais foncièrement tragique, portant le poids de la violence et de l'histoire sur ses épaules fatiguées, et devant exorciser ses crimes au crépuscule de sa vie. Puissant et épique, Dans ses yeux a remporté un triomphe en Argentine (et l'Oscar du Meilleur film).
Carancho (Pablo Tapero, 2010)
Un “carancho”, c’est un avocat spécialisé dans les accidents de la circulation à Buenos Aires. Sosa (Darín) est l’un d’entre eux, un magouilleur sans scrupules qui erre dans la nuit, entouré de flics mafieux et de confrères aussi ripoux que lui. Le réalisateur Pablo Trapero peaufine son art du plan-séquence virtuose dans cette relecture sud-américaine des grands films noirs 40’s, quelque part entre Detour et Un si doux visage. Trapero et Darín se retrouveront ensuite sur Elefante Blanco, une autre visite coup de poing de la capitale argentine.
Les Nouveaux Sauvages (Damián Szifrón, 2014)
Le plus gros hit de Ricardo Darín en France, un film à sketchs azimuté sous influence Tex Avery et Monty Python, dans laquelle notre homme Ricardo s’arroge, sinon le meilleur sketch, du moins le meilleur rôle : celui d’un citoyen bien sous tous rapports, ingénieur expert en explosifs, qui va péter les plombs à cause d’une histoire de fourrière et devenir un héros du peuple. Depuis, à chaque fois qu’on se chope un PV, on ne peut pas s’empêcher d’avoir une pensée pour Bombita…
Kóblic (Sebastián Borensztein, 2017)
1977 : un capitaine de la marine argentine choisit de déserter dans un village perdu plutôt que de continuer à servir la dictature. Mais les chiens de garde de l'autorité sont sur sa piste. Le capitaine Kóblic est dans la lignée des autres héros incarnés par Darin : celui qui fait face à l'histoire et doit rendre des comptes, parfois les armes à la main, n'ayant pas pu réussir à trouver un petit coin de paradis dans ce monde mouvementé.
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