Pour prolonger l'expérience du film de Matt Reeves.
Énorme carton depuis sa sortie, The Batman est considéré comme un film d'auteur à part entière, loin des titres de super-héros auxquels nous ont habitué les franchises Marvel et DC ces dernières années. Une opinion revendiquée par Matt Reeves, son réalisateur, qui souhaitait signer un "film définitif" sur le Chevalier Noir et se démarquer des blockbusters traditionnels. Porté par son metteur en scène plus que par son héros, The Batman s'inscrit donc dans une histoire cinématographique, celle des thrillers et films noirs. Voici donc une liste non-exhaustive de cinq longs métrages à voir ou à revoir pour se plonger encore plus dans l'univers de The Batman et, peut-être, patienter avant sa suite.
The Batman : Robert Pattinson réinvente le Chevalier Noir en détective torturé [critique]Chinatown : la structure narrative
Pour la préparation de son film, Reeves a visionné plusieurs dizaines de films noirs, dont le plus important en termes d'influence est sans doute le Chinatown de Polanski. En effet, les parcours du héros Jake Gittes, interprété par Jack Nicholson, et du Batman de Robert Pattinson sont assez similaires. Les deux sont des détectives tourmentés par leur passé en proie à une ville corrompue et minée par le vice, menant des combats perdus d’avance. Rien d’étonnant alors à ce que les évolutions des personnages et de la narration se fassent écho entre les deux films. On peut par exemple comparer le personnage de Gittes, qui ne se soucie plus de rien et qui est endurci par l'histoire de son séjour à Chinatown, et Batman après la mort de ses parents. "Dès que ce qui se passe, se passe avec Evelyn et Hollis Mulwray [Faye Dunaway et Darrel Zwerling], il est obligé d'essayer de sauver Evelyn à la fin parce que c'est ce qui lui est arrivé à Chinatown. Cela fait ressurgir tout cela", a expliqué Reeves au micro du podcast Filmmaker Toolkit d’IndiWire. Tout comme un certain Bruce Wayne face au fils du maire dans The Batman.
Les Hommes du Président : l'enquête
En quête d'une inspiration pour l'enquête au coeur de The Batman, Matt Reeves s'est tourné vers Les Hommes du Président d'Alan J. Pakula, fiction sur le scandale du Watergate et ses implications (dont la démission de Nixon) après une enquête journalistique. Dans le film de Pakula, l'intrigue principale, à savoir l'entrée par effraction d'agents de la CIA dans les locaux du Parti Démocrate, à des conséquences beaucoup plus grandes et dépassent l'enjeu de base, remontant les rouages de l'Etat et de la politique américaine. Un tel effet de domino se retrouve dans The Batman, Bruce Wayne répondant aux énigmes du Riddler pour finir par mettre en lumière un mystère datant de la fondation de Gotham City. Dans une interview pour SyFy, Matt Reeves a d'ailleurs insisté sur le fait qu'il "devait y avoir une conspiration très profonde" dans The Batman, la question la plus pertinente étant de savoir jusqu'où elle va et qui a les mains sales. "Je savais où cette histoire devait aller. Au fur et à mesure qu'il avançait sur ce chemin, pour arriver à comprendre ces crimes sur lesquels il est guidé par le Riddler. Il fallait finalement élargir histoire pour commencer à expliquer pourquoi cet endroit était de cette façon. Alors qu'il commence apparemment sur un chemin impersonnel, parce qu'il enquête sur ces crimes, ça finit par l'amener de manière inattendue à quelque chose qui était incroyablement personnel", précise le cinéaste. Reeves pousse même la comparaison entre les personnages de son film et les protagonistes de l'affaire du Watergate, créant une sacrée mise en abîme. "Gordon [Jeffrey Wright] et Batman [Robert Pattinson] sont comme Woodward et Bernstein, le Riddler [Paul Dano] est comme le Deep Throat le plus dément de tous les temps et il est en quelque sorte en train de parler de la hauteur de la corruption".
Taxi Driver : le double de Batman
Pour ce qui est du personnage de Batman, Matt Reeves ne cache pas l'influence certaine de Taxi Driver dans sa façon d'aborder le personnage. Il faut dire que le chef d'oeuvre de Scorsese (Palme d'or en 1976) est un peu le père de tous les anti-héros du cinéma, Travis Bickle se dédoublant à l'infini lorsqu'il est question de représenter l'aliénation au cinéma. Et dans cette optique, Batman ne fait pas exception à la règle. Dans une interview accordée à Esquire, Matt Reeves a expliqué ainsi avoir remarqué, dès la sortie du comics Batman : Année Un de Frank Miller et David Mazzucchelli, la ressemblance entre Travis et Bruce. "Il est habillé comme dans une image tirée de Taxi Driver", déclare le réalisateur. Un avis partagé par les auteurs de la BD : Frank Miller expliquait à Mazzucchelli dans ses notes vouloir que Batman "ait l'air d'avoir gagné un concours de sosies de Taxi Driver". N'oublions pas non plus que Taxi Driver est une influence revendiquée du Joker de Todd Phillips. CQFD.
Se7en : les énigmes
L’un des éléments essentiels du film de Matt Reeves est sa volonté de redonner au Batman sa casquette d’enquêteur face aux énigmes du Riddler. Et si on songe au meurtrier de Zodiac, ces devinettes rappellent surtout le tueur d'un autre film de David Fincher, Se7en, sorti en 1995. Si aucun parallèle officiel n’a été fait par le réalisateur, les fans des deux longs métrages se sont précipités sur les ressemblances pour mettre en avant les effets de mise en scène propres au Riddler et à l’inconnu de Se7en pour s’adresser aux enquêteurs, les parallèles entre les meurtres, l’anonymat des deux tueurs, le temps qui presse pour trouver la prochaine victime… Autant de miroirs qui font de Se7en un thriller à (re)voir après The Batman.
Christine : la Batmobile
Enfin, en dernière influence (cette fois-ci appuyée par Reeves), on peut citer Christine de John Carpenter, sorti en 1984 et adapté du roman de Stephen King, pour inspirer le visuel (et l’esprit) de la Batmobile du héros. Voiture emblématique de l’univers Batman, la Batmobile est souvent représentée comme un bijou de technologie, à la pointe de la mécanique et capable de supporter toutes les situations. Une chose que Matt Reeves voulait mettre de côté, se concentrant plutôt sur le fait que son personnage l’aurait lui-même fabriqué : "L'idée était de faire une Batmobile qui donne l'impression que vous auriez pu la construire vous-même si vous étiez totalement passionné de voitures. Tout l'équipement est un matériel qu'il a développé lui-même, comme un bricoleur obsessionnel", a décrit Reeves à IndieWire. La première apparition de la voiture la montre d’ailleurs comme une espèce de tas de ferraille, faisant du véhicule un objet "à la limite du contrôle", pouvant tomber en panne à n’importe quel moment. Devenue presque vivante, comme dans Christine : "Elle doit faire une apparition hors de l’ombre pour intimider, alors j’y ai pensé presque comme la Christine de Stephen King", a expliqué Matt Reeves à Empire avant d’ajouter : "J’aimais l’idée que la voiture elle-même soit comme une figure d’horreur, faisant une apparition animale pour vraiment effrayer les gens que Batman poursuit".
Commentaires