Toutes les critiques de The Happy Prince

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    À première vue, The Happy Princeressemble à ce que les Anglo-Saxons nomment « vanity project ». Un film taillé sur mesure par et pour son cteur/réalisateur/scénariste principal, souvent pour flatter son ego et montrer l’ampleur de son talent au public. Ici, il s’agit de Rupert Everett, qui incarne avec grandiloquence le poète Oscar Wilde dans les dernières années de sa vie, après sa condamnation et son emprisonnement pour homosexualité. Vanity project, peut-être, mais dès l’ouverture – Wilde raconte à ses enfants le conte du Prince heureux, qui rythmera tout le récit fait du chaos des souvenirs –, le film diffuse une émotion et une mélancolie extrêmement touchantes. Sous son épais maquillage, Everett dépeint avec brio son Wilde terminal comme un homme devenu un clown pathétique, égoïste monstrueux, qui finira ses jours dans un véritable chemin de croix ponctué de bacchanales diverses. Comme un Jésus moderne puni par la société pour ses débauches. De la poésie, une caméra qui virevolte, des caméos prestigieux (Colin Firth et Emily Watson, on aperçoit aussi Béatrice Dalle) : on n’est jamais très loin du cinéma de Julian Schnabel, mais Rupert Everett, tout en semblant fortement s’identifier à Wilde qu’il a déjà joué sur scène (Everett déclarait en 2010 que son coming out lui a fermé les portes du cinéma), parvient à mener son film avec une pudeur et une retenue incroyables. On lui pardonne alors de se prendre parfois les pieds dans le pathos : ça vaut le coup tant qu’on essuie quelques larmes à la fin.